Le paludisme est l'un des plus grands fléaux de notre époque. Il est à lui seul responsable de la mort de 800.000 personnes en 2009, et en particulier des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne. Il devient donc impératif de trouver une solution pour lutter contre les moustiques qui véhiculent ce parasite.
En 2010 déjà, des chercheurs américains avaient réussi à modifier génétiquement des moustiques anophèles de manière à les rendre incapables de transmettre le plasmodium. De plus, il y a deux mois, la revue Nature publiait des travaux de scientifiques qui avaient réussi à identifier des molécules odorantes capables de mettre en échec le flair aiguisé des moustiques en perturbant leurs organes sensoriels sans lesquels ils ne peuvent pas détecter le CO2 contenu dans l'air expiré par les humains, et sont donc incapables de repérer leurs proies.
Des mâles stériles pour freiner la reproduction des insectes
Mais TV5monde rapporte aujourd'hui les résultats de la toute dernière recherche en date, réalisée par une équipe de chercheurs anglo-italienne. En effet l’étude parue dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) fait état de la réussite d’une manipulation génétique visant à rendre stériles des moustiques anophèles mâles, une espèce dont la femelle inocule le parasite plasmodium, responsable du paludisme. La multiplication par millions de moustiques anophèles mâles stériles "pourrait potentiellement empêcher la croissance de leur population et réduire le risque de paludisme", écrivent ainsi les auteurs notamment de l'Imperial College de Londres au Royaume-Uni.
Au cours de leurs recherches, ceux-ci ont en fait observé que les mâles stériles s'accouplaient normalement avec les femelles, mais que celles-ci produisaient, faute de sperme, un grand nombre d'oeufs non-fécondés. Mieux encore : les femelles développaient également, tout comme celles ayant été fécondées par des mâles fertiles, une aversion à une nouvelle insémination. Un phénomène normal puisque celles-ci ne pondent qu'une seule fois au cours de leur existence, qui est estimée à environ deux semaines. Par ailleurs, les chercheurs relèvent que les moustiques mâles stériles pourraient avoir un avantage par rapport à ceux produisant du sperme, car ce processus requiert une plus grande consommation d'énergie, rapporte l'AFP.
Un espoir pour d'autres maladies
Ainsi, les mâles stériles constitueraient un bon moyen de contrôler la reproduction des moustiques et donc, une alternative potentielle aux insecticides. Néanmoins, les chercheurs ont souligné la nécessité de faire davantage de recherches. D'autant plus que la technique pourrait être utilisée pour d'autres fléaux, le moustique étant également le vecteur de la dengue, une infection virale qui touche 50 millions de personnes chaque année, de la fièvre jaune, de la filariose et du virus du Nil occidental.