La mise au point d’un vaccin universel contre le virus de la grippe serait-elle pour demain ? C’est ce que laissent entrevoir les travaux de chercheurs américains, qui viennent d’être publiés dans lesProceedings of the National Academy of Sciences. Ces derniers ont découvert un anticorps humain capable de neutraliser 30 des 36 souches connues du virus de la grippe.
Chaque année, la même question se pose. Quelles souches de virus de la grippe vont être utilisées pour fabriquer le vaccin de l'année à venir ? Au sein de l’Organisation mondiale de santé (OMS), les experts, qui se fondent sur des calculs de probabilité, se réunissent pour concocter le cocktail viral qui servira de base à ce dernier. Afin d’améliorer les moyens de lutter contre le virus de la grippe, la recherche s’active pour découvrir de nouveaux anticorps plus efficaces et capables surtout de s’adapter aux variations génétiques que subit régulièrement le virus.
C’est dans ce contexte que Stephen Harrison du Children's Hospital de Boston et ses collèges du Harvard Medical School and Howard Hughes Medical Institute (Boston), de la Duke University (Durham), du centre for Biologics Evaluation and Research (FDA), et du département Vaccins et diagnostics de Novartis (Cambridge), ont cherché à identifier les différents types d'anticorps produits par le système immunitaire en réponse à un vaccin. Pour cela, ils ont utilisé une nouvelle technologie qui a permis d'analyser les molécules contenues dans les cellules immunitaires d'un sujet immunisé avec le vaccin antigrippal trivalent, cru 2007.
Ils ont ainsi découvert un anticorps humain qui reconnaît de nombreuses souches de grippe différentes. Baptisé CH65, ce dernier agit sur l’hémagglutinine. Cette protéine, qui se situe à la surface du virus, est le principal cauchemar des virologues car elle mute tous les ans et les force à produire de nouveaux vaccins mieux adapter pour neutraliser le virus. Les travaux menés par les chercheurs américains ont permis de montrer que le CH65 mime une grande partie des fonctions de l'acide sialique, récepteur naturel de l'hémagglutinine. Après bon nombre d’analyses et de tests, le CH65 est capable de neutraliser 30 des 36 souches testées. Cet anticorps, en se fixant à l'hémagglutinine, empêche le virus de muter.
La prochaine étape pour ces chercheurs consistera à étudier avec précision cet anticorps dans le but de développer un vaccin plus pérenne afin de mieux combattre l’épidémie saisonnière de grippe, et surtout, capable de reconnaître un plus large éventail de ses souches.
Source: Eurekalert