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mercredi 7 mars 2012

Cancers de l’enfant - Découverte d’un nouveau type de sarcome osseux

Une équipe de l’Institut Curie et de l’Inserm dirigée par le Dr Olivier Delattre vient de découvrir l'existence d'une nouvelle forme de sarcome osseux s'exprimant principalement chez des adolescents et de jeunes adultes. Bien que présentant des similarités avec la tumeur d'Ewing sur le plan clinique, ce sarcome s’en distingue par la présence d’une anomalie chromosomique différente à l’origine du cancer. Ces nouvelles données pourraient permettre une meilleure prise en charge des malades. Les résultats de cette découverte sont publiés dans une lettre dans la revue Nature Genetics datée du 4 mars 2012.

L’Institut Curie est le centre de référence en France pour la prise en charge clinique et pour la recherche sur les tumeurs d’Ewing, et à ce titre effectue une majorité des tests du diagnostic moléculaire sur cette pathologie. L’équipe d’Olivier Delattre, directeur de recherche de l’Unité Inserm 830/Institut Curie "Unité de génétique et biologie des cancers", a ainsi pu étudier le matériel génétique de 594 enfants pour lesquels l’existence d’une tumeur d’Ewing était suspectée. Grâce à une nouvelle technologie de séquençage appelée Next generation sequencing (NGS), il leur a été possible d’analyser en même temps un volume important de matériel génétique. Au cours de cette étude, les chercheurs ont découvert que certains échantillons ne présentaient pas la même mutation que celle de la tumeur d’Ewing (1).

Les chercheurs ont en fait réussi à isoler 24 échantillons présentant cette nouvelle mutation : une inversion d’une partie du chromosome X conduisant à la fusion de deux gènes proches, BCOR et CCNB3. La très faible distance séparant ces gènes, situés sur le même chromosome, a jusqu'ici rendu impossible leur mise en évidence par les méthodes classiques de diagnostic.

Les chercheurs ont ensuite comparé le matériel génétique de ces échantillons à celui des personnes atteintes d’une tumeur d'Ewing. La "carte d’identité" de cette nouvelle forme de sarcome indique que l'expression d'environ 3000 gènes est différente. "Cette « nouvelle » fusion est bien responsable d'un type de sarcome différent et non pas d’un variant de la tumeur d'Ewing" affirme le Dr Olivier Delattre.

"C’est la première fois que l’on démontre la possibilité d’identifier une nouvelle entité tumorale à l'aide d'une technologie de séquençage haut débit" précise Franck Tirode, chargé de recherche Inserm, co-auteur de l’étude publiée. "En une seule étude, nous avons repéré 24 cas positifs pour cette translocation, ce qui est considérable" poursuit-il. "En valeur absolue, ces 24 cas représentent autant de cas que tous ceux dus à des translocations rares de la tumeur d'Ewing" ajoute Gaëlle Pierron, co-auteure, coordinatrice de l’unité de génétique somatique à l’Institut Curie.

La présence de la protéine de fusion a, quant à elle, été vérifiée sur des prélèvements de tumeurs par des techniques d'immunohistochimie qui permettent de repérer les protéines d’intérêt. "La détection de la surexpression de la protéine CCNB3, de par sa fusion à BCOR, est extrêmement spécifique de ces tumeurs, ce qui permet de proposer un test diagnostique simple" précise Gaëlle Pierron.

Vers une meilleure prise en charge des malades

"Actuellement les patients sont traités de la même manière que ceux atteints de tumeur d'Ewing. Des études cliniques vont désormais pouvoir être mises en place pour voir s'il est possible de les prendre en charge autrement" indique Olivier Delattre.
D'autres patients atteints par cette nouvelle forme de sarcome vont pouvoir être identifiés. L’identification de la fusion des deux gènes pourrait permettre le diagnostic de cette nouvelle forme de tumeur chez de nouveaux patients qui se verront alors proposer un traitement adapté.
"C'est du dialogue entre médecins et chercheurs que naissent les véritables progrès de la cancérologie et il faut donner les moyens à chacun de renforcer encore ces échanges" conclut le Dr Olivier Delattre.
Les chercheurs vont désormais s’atteler à déchiffrer le mécanisme d'action de la protéine de fusion qui conduit à la formation de la tumeur. En particulier, ils vont tenter de comprendre pourquoi cliniquement ce nouveau type de sarcome est semblable à une tumeur d'Ewing, alors que biologiquement ces tumeurs ne le sont pas. Une activation commune de certaines voies de signalisation intracellulaires pourrait en être la cause.

Coupes de sarcomes osseux avec marquage de la protéine de fusion CCNB3
Coupe de tumeur d'Ewing, le marquage brun révélant la protéine de fusion spécifique du nouveau sarcome n'apparaît pas car la protéine CCNB3 n'est pas exprimée.
Coupe de tumeur nouvellement identifiée. Le marquage brun révèle l'expression de la protéine de fusion BCOR-CCNB3 dans les cellules.

A gauche : Coupe de tumeur d'Ewing, le marquage brun révélant la protéine de fusion spécifique du nouveau sarcome n'apparaît pas car la protéine CCNB3 n'est pas exprimée.
A droite : Coupe de tumeur nouvellement identifiée. Le marquage brun révèle l'expression de la protéine de fusion BCOR-CCNB3 dans les cellules.


Les sarcomes
- Tumeurs issues des tissus mésenchymateux, les sarcomes constituent un groupe de tumeurs très hétérogène, pouvant être divisé en plus de 100 différents sous-types en fonction de critères cliniques, pathologiques, immuno-histologiques et génétiques.
- On distingue les tumeurs malignes osseuses des sarcomes des tissus mous et extra-osseux.
- Chez l’enfant, l’adolescent et le jeune adulte (jusqu’à 30 ans), les ostéosarcomes et les tumeurs d'Ewing sont les deux sarcomes osseux prédominants. Les premiers présentent un taux d'incidence à 15 ans de 3,6% et les seconds de 3 %.
- En ce qui concerne les ostéosarcomes, aucune translocation de gène n'a pour l'instant été rapportée.
- C’est à l’Institut Curie qu’a été découverte en 1984, et caractérisée, en 1992, dans l'unité d’Olivier Delattre, l’anomalie chromosomique responsable de cette tumeur. Il s’agit d’une translocation qui se produit, dans 85 % des cas, entre les chromosomes 11 et 22 et aboutit à la synthèse d’une protéine anormale EWS-FLI-1, et dans 10 % des cas, entre les chromosomes 22 et 21 et donne lieu à la synthèse d’une protéine anormale EWS-ERG. Il existe d’autres altérations, mais elles sont rares. La découverte de ces altérations génétiques a permis la mise au point, à l’Institut Curie en 1994, d’un test moléculaire diagnostic de la tumeur d’Ewing.
En 30 ans, le traitement, à l’origine essentiellement basé sur la radiothérapie, a profondément évolué. Aujourd’hui, les formes localisées sont traitées majoritairement par une combinaison initiale de chimiothérapie et de chirurgie. Une chimiothérapie postopératoire, et parfois une radiothérapie, complètent le traitement. Le pronostic de la tumeur d’Ewing a bénéficié de l’apport de nouvelles chimiothérapies.


Outre l’Inserm et l’Institut Curie, ces recherches ont été financées par la Ligue Nationale Contre le Cancer et l’Institut National du Cancer.
Par ailleurs, l’équipe du Dr Olivier Delattre reçoit également l’aide financière de l’Association des Parents et des Amis des Enfants Soignés à l’Institut Curie (APAESIC), des associations Les Bagouz à Manon, Pas du Géant, Olivier Chape, Les Amis de Claire et Courir pour Mathieu, ainsi que de la Fédération Enfants et Santé.


Note(1) La tumeur d’Ewing est caractérisée par un échange accidentel de matériel génétique entre deux chromosomes qui entraîne la formation d’un gène muté produisant une protéine anormale baptisée EWS/FLI-1.

Source: Inserm

mardi 28 février 2012

Face aux résistances du cancer, de nouvelles molécules voient le jour

Une équipe franco-italienne menée par des chercheurs du CNRS et de l’Inserm (1) vient de découvrir une nouvelle famille de composés qui pourrait permettre de traiter de nombreux cancers, notamment des tumeurs cérébrales et des cancers de la peau. Brevetées par le CNRS, ces molécules bloquent la voie de signalisation Hedgehog, une chaîne de réactions moléculaires dont le dérèglement serait impliqué dans plusieurs cancers. Ces composés pourraient à terme constituer de nouveaux médicaments, mais, dans un premier temps, ils devraient s’avérer de précieux outils pour mieux comprendre le rôle de la voie Hedgehog dans le développement de ces tumeurs et la résistance aux traitements de celles-ci. Effectués en collaboration avec le Laboratoire d’innovations thérapeutiques (CNRS / Université de Strasbourg), ces travaux sont publiés dans le Journal of Medicinal Chemistry.

La voie de signalisation Hedgehog est une cascade de réactions biochimiques complexes. Très active lors de l’embryogenèse, elle participe à la prolifération et à la différenciation des cellules, ainsi qu’à la mise en place de nombreux tissus. Chez l’adulte, elle joue notamment un rôle clé dans le maintien de cellules souches dans le cerveau. Le dérèglement de cette voie participerait au développement de nombreux cancers, notamment de tumeurs cérébrales très agressives chez l’enfant.


A l’origine des dysfonctionnements affectant la voie Hedgehog, on trouve notamment des mutations d’un récepteur membranaire appelé Smoothened, maillon essentiel permettant l’activation de cette voie. Plusieurs laboratoires pharmaceutiques ont développé des molécules capables de bloquer Smoothened. Grâce à ces composés antagonistes (2) du récepteur, ils sont parvenus à enrayer le développement de certaines tumeurs. Cependant, les expériences menées sur des modèles animaux et chez l’Homme font état de l’apparition de résistances à ces traitements. De nouvelles mutations de Smoothened dans les cellules tumorales rendent inefficaces les antagonistes chargés de l’inactiver. Voilà pourquoi il est important d’en trouver de nouveaux et de mieux comprendre les mécanismes liés à ces résistances.

Pour découvrir de nouveaux composés antagonistes de Smoothened, l’équipe de chercheurs coordonnée par Martial Ruat a adopté une stratégie originale : un criblage virtuel de banques de molécules informatisées. Parmi quelque 500 000 molécules répertoriées dans ces banques, ils ont recherché celles dont la structure serait susceptible de produire le même effet que les molécules connues pour bloquer Smoothened. Sur une vingtaine de molécules candidates, les chercheurs en ont sélectionné une. Puis, en modifiant légèrement sa structure afin de l’optimiser, ils ont découvert une famille de composés, appelés MRT. Ils ont ensuite testé leur activité biologique sur des cellules de souris en culture. Résultat : les composés MRT, et plus particulièrement l’un d’entre eux, l’acylguanidine MRT83, bloquent la prolifération des cellules suspectées d’être à l’origine de tumeurs cérébrales. De plus, ces nouveaux composés inhibent Smoothened avec une activité égale ou supérieure à celle de composés déjà connus.

Plusieurs années de tests sont nécessaires avant que de nouvelles molécules prometteuses telles que les composés MRT puissent être commercialisées comme médicaments. Néanmoins, leurs propriétés pourraient permettre d’en savoir plus sur le fonctionnement, la structure tridimensionnelle et la localisation des récepteurs Smoothened. Ces composés MRT aideraient ainsi à comprendre l’origine des résistances que développent les tumeurs. Ces travaux pourraient déboucher sur la découverte de nouvelles cibles et stratégies thérapeutiques pour combattre certains cancers.

Notes
(1) Au sein de l’Unité "Neurobiologie & développement" (CNRS), en lien avec l’Université de Sienne (Italie)
(2) Est antagoniste une substance qui, en se fixant sur les mêmes récepteurs cellulaires qu'une autre substance, empêche d'obtenir l'ensemble ou une partie des effets produits habituellement par la cellule. Ici les antagonistes ont un effet "inverse" de celui du récepteur "muté".


Bibliographie
Acylthiourea, Acylurea and Acylguanidine Derivatives with potent Hedgehog inhibiting Activity.
Antonio Solinas, Hélène Faure, Hermine Roudaut, Elisabeth Traiffort, Angèle Schoenfelder, André Mann, Fabrizio Manetti, Maurizio Taddei and Martial Ruat.
Journal of Medicinal Chemistry. 23 février 2012.

vendredi 10 février 2012

Affamer les cellules renforce la chimiothérapie

Quelques jours de jeûne pourraient retarder la progression du cancer et améliorer l'efficacité des chimiothérapies selon une nouvelle étude chez la souris. Le résultat indique que jeûner avant d'engager une chimiothérapie protège les animaux, et peut-être les hommes, contre les effets secondaires d'un traitement. 

Dans leur étude, Valter Longo et ses collègues montrent que jeûner pendant deux jours en l'absence de tout autre traitement peut retarder la progression de différents types de cancers chez la souris et pourrait dans certains cas être aussi efficace que la chimiothérapie. La combinaison du jeûne et de la chimiothérapie semble toutefois plus efficace pour rendre les cellules normales plus résistantes aux produits de la chimiothérapie. En fait, le jeûne joint à la chimiothérapie a même favorisé la survie à long terme sans cancer de 40 pour cent des souris ayant un neuroblastome. 

Bien que les essais cliniques testant l'effet du jeûne dans les traitements anticancéreux soient encore à un stade précoce, ces études suggèrent que des cycles de jeûne ont le potentiel d'accroître l'efficacité de la chimiothérapie. Ce résultat est particulièrement intéressant pour les patients ayant un cancer à un stade avancé pour lesquels les traitements standards ne sont plus efficaces.


« Fasting Cycles Retard Growth of Tumors and Sensitize a Range of Cancer Cell Types to Chemotherapy » par C. Lee, S. Brandhorst, F.M. Safdie, M. Wei, S. Hwang, A. Merlino et V.D. Longo de l'University of Southern California à Los Angeles, CA; L. Raffaghello, G. Bianchi et V. Pistoia de l'Institut Giannina Gaslini à Gênes, Italie; A. Martin-Montalvo et R. de Cabo du National Institute on Aging, National Institutes of Health à Baltimore, MD; L. Emionite de l'Animal Research Facility Istituto Tumori à Gênes, Italie; S. Brandhorst de l'Université de Duisburg–Essen à Essen, Allemagne.

mardi 31 janvier 2012

Tumeurs cérébrales pédiatriques mortelles : deux mutations d'un gène crucial impliqué

Une équipe de scientifiques internationale dirigée par l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR CUSM) a réalisé une percée majeure en génétique qui pourrait révolutionner, à l'avenir, les traitements de cancers pédiatriques. Les chercheurs ont découvert deux mutations génétiques responsables de près de 40 pour cent des glioblastomes chez l'enfant – une des formes les plus mortelles de cancer du cerveau qui ne répond pas aux traitements de chimiothérapie et de radiothérapie. Ces mutations seraient impliquées dans la régulation de l'ADN, ce qui expliquerait la résistance de la tumeur aux traitements traditionnels. Cette découverte pourrait avoir des implications importantes sur le traitement d'autres cancers. L'étude vient d'être publiée dans le journal Nature.

Les chercheurs ont pu, grâce aux connaissances et à la technologie avancée du Centre d'innovation Génome Québec et Université McGill, identifier deux mutations dans un gène primordial : l'histone H3.3. Ce gène, l'un des gardiens de notre patrimoine génétique, est un élément clé lors de la modulation de l'expression de nos gènes. « Ces mutations empêchent les cellules de se différencier normalement et aident à protéger l'information génétique de la tumeur, la rendant moins sensible aux traitements de chimiothérapie et de radiothérapie », nous explique la docteure Jabado, hématologue-oncologue pédiatre à L'Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et principale chercheuse de l'étude.

« Cette recherche explique l'inefficacité des traitements traditionnels utilisés contre les cancers chez les enfants et les adolescents. Nous ne frappions pas à la bonne porte ! » livre la docteure Jabado, également professeure agrégée de pédiatrie à l'Université McGill. « On sait aujourd'hui que le glioblastome de l'enfant est dû à des mécanismes moléculaires différents de celui de l'adulte et ne doit pas être considéré ni traité de la même façon. Plus important encore, nous savons maintenant où concentrer nos efforts et nos traitements au lieu de travailler dans le noir. »

Une régulation inappropriée de ce gène a été observée dans d'autres cancers tels le cancer du colon, du pancréas, le lymphome, la leucémie et le cancer neuroendocrinien. En conséquence, de futures recherches pourraient permettre de trouver de meilleurs traitements pour ces maladies. « Ce qui rend cette recherche unique, c'est que pour la première fois, on identifie une mutation chez l'Homme dans un des gènes les plus importants du système de protection et de régulation de notre information génétique », explique la docteure Jabado. « C'est la preuve irréfutable que notre génome, s'il se trouve modifié, peut conduire à des cancers et probablement à d'autres maladies. Ce que la génomique nous a montré aujourd'hui n'est que le commencement. »

« Génome Québec est fière d'avoir contribué à un projet dont les résultats auront un impact probant dans le traitement du glioblastome pédiatrique, » souligne le président-directeur général de Génome Québec, Marc LePage. « L'apport exceptionnel des experts en génomique ainsi que des nouvelles technologies de séquençage, mis à disposition par le Centre d'innovation Génome Québec et Université McGill dans le projet de la docteure Jabado, constitue une preuve de plus que la génomique est devenue un vecteur incontournable dans le développement et l'innovation en recherche médicale. Je tiens, en ce sens, à saluer l'excellence des équipes impliquées dans cette étude et le modèle de collaborations interdisciplinaires qui a été mis en œuvre. »

« Le potentiel autour de la médecine personnalisée est remarquable pour plusieurs domaines en santé, tels que les infections, les maladies rares et le cancer. Des chercheurs, comme ceux de cette équipe, jouent un rôle vital en transposant ces découvertes, au niveau clinique, par les soins aux patients », ajoute la professeure Morag Park, directrice scientifique de l'Institut du cancer des IRSC. « Grâce aux avancements en recherche comme celui-ci, il y a maintenant davantage d'accent mis sur l'utilisation de l'information génétique dans la prise de décisions cliniques. Nous félicitons la docteure Jabado et son équipe pour ces résultats. »

Les tumeurs du cerveau sont la première cause de décès chez l'enfant par cancer en Europe et en Amérique du Nord. Le glioblastome chez l'enfant et l'adolescent reste mortel et les chances d'en guérir sont nulles. Chaque année, au Canada, 200 enfants décèdent de ce type de cancer. La plupart des enfants décède au cours des deux années suivant le diagnostic, indépendamment du traitement.

Au sujet de l'étude:

Cette recherche a été appuyée par la Fondation Cole et a été financée en partie par Génome Canada et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), avec le cofinancement de Genome BC, Génome Québec, IC (Institut du Cancer) et C17, dû à la participation conjointe de Génome Canada et les IRSC au concours Promouvoir une innovation technologique par la découverte (TITD); (projet: The Canadian Paediatric Cancer Genome Consortium: Translating next generation sequencing technologies into improved therapies for high-risk childhood cancer)

Vous trouverez la recherche à l'adresse suivante : www.nature.com

Sur l'Internet :

Centre universitaire de santé McGill (CUSM) :
www.cusm.ca

Institut de recherche du CUSM :
www.cusm.ca/research/dashboard

Université McGill :
www.mcgill.ca

Génome Québec:
www.genomequebec.com

Genome Canada :
www.genomecanada.ca

Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC):
www.cihr-irsc.gc.ca

vendredi 27 janvier 2012

Cancer du sein : un programme d'activités physiques pour limiter la récidive

Cancer du sein : un programme d'activités physiques pour limiter la récidive
 A l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer qui se déroule le 4 février prochain, l'Institut Curie, en collaboration avec l'association Siel (Sport, Initiative Et Loisirs) Bleu, annonce le lancement d'un programme pilote d'activités physiques, dédié aux femmes traitées pour un cancer du sein. Basé sur de nombreuses études montrant une baisse du taux de rechute chez les femmes pratiquant une activité physique, ce programme personnalisé vise essentiellement à réduire le risque de récidive chez les femmes ayant achevé leur traitement.

Baptisé "Activ'", ce programme pilote concerne actuellement une centaine de patientes traitées à l'Institut Curie, dans le cadre de son plan personnalisé de surveillance. Toutefois, il pourrait à long terme être proposé systématiquement à l'ensemble des patientes surveillées après un cancer du sein.
Concrètement, les patientes concernées profitent dans un premier temps d'un bilan physique individuel lors de leur consultation d'entrée en surveillance. Des professionnels de l'association Siel Bleu leur proposent ensuite des cours de sport, collectifs ou individuels. Le but est de les encourager à poursuivre une activité physique à l'issue du programme.
"Les patientes ayant terminé leur traitement ont souvent besoin d'être aidées dans le retour à une vie normale. C'est aussi notre rôle, en tant que médecin, de rappeler aux patientes les règles d'une bonne hygiène de vie et si nécessaire les aider à les mettre en pratique pour éviter le risque de rechute", explique le Dr Laure Copel, responsable de l'Unité mobile d'accompagnement et de soins continus de l'Institut Curie.
Les médecins de l'Institut recommandent aux femmes concernées de marcher de façon soutenue pendant au moins trente minutes par jour, six jours par semaine, et d'adopter une alimentation saine et riche en fibres, fruits et légumes.
Les activités de type endurance sont à privilégier, notamment le cyclisme, la marche à pied, le jogging, la natation, le ski de fond, le golf ou la gymnastique.

jeudi 19 janvier 2012

Un biomarqueur détecte précocement des cancers pancréatiques


Un nouveau biomarqueur testé dans le dépistage du cancer du pancréas pourrait détecter pratiquement les deux tiers des patients au stade 1 dans le cas de l’adénocarcinome ductal.

En combinant ce nouveau marqueur, qui est la protéine PAM4, au biomarqueurs déjà en usage pour monitorer la progression de la maladie et qui est le CA19-9, on a pu dépister 85 % des patients souffrant de cancer du pancréas dans sa forme d’adénocarcinome ductal (90 % des cancers du pancréas) et 64 % des patients au stade précoce.

David Gold et son équipe (New York) ont préalablement établi qu’un test immunoenzymatique employant l’anticorps monoclonal PAM4 est capable d’identifier 82 % des patients souffrant d’un adénocarcinome ductal du pancréas (ACDP). Le test avait identifié 13 patients parmi 21 qui présentaient un ACDP à un stade I (62 %) dans une étude antérieurement publiée.

Dans le nouveau travail présenté au « Gastrointestinal Cancers Symposium » (États-Unis), ont été inclus 602 individus, partagés en 4 groupes : des patients ayant un cancer du pancréas, comportant des ACDP et d’autres formes : ceux ayant des cancers d’organes voisins ; des patients avec une maladie pancréatique bénigne, telle qu’une pancréatite ; et des adultes en bonne santé.

Le nouveau test fondé sur PAM4 a détecté 76 % des individus porteurs d’un ACDP et 85 % de ces cas lorsqu’il est combiné avec le test CA19-9. Parmi ces patients, le test a dépisté avec précision 64 % des patients au stade 1 de la maladie et 85 % des individus avec une maladie avancée lorsqu’il est combiné avec le test CA19-9.

Par comparaison, 19 % des patients avec une maladie pancréatique bénigne et 23 % avec une pancréatite chronique sont positifs pour la protéine PAM4.

« Ces résultats montrent que la réactivité à l’anticorps PAM4 est fortement restreinte à l’ACDP, le biomarqueur étant présent à un stade précoce de l’évolution de la maladie », a remarqué Gold. « Pour autant que nous le sachions, il n’y a pas de biomarqueur ni d’antigènes cibles qui s’expriment à une fréquence aussi importante et une concentration appréciable dans l’ACDP, et avec une telle spécificité. »

Les chercheurs ont d’ores et déjà prévu d’utiliser le test de dépistage chez des patients à haut risque de cancer du pancréas : pancréatite chronique, diabète d’installation brutale et antécédents familiaux d’ACDP. On va tenter de dépister la survenue d’un ACDP à un stade précoce de la croissance tumorale.

samedi 14 janvier 2012

Un lien entre parabènes des déodorants et cancer du sein?

Des chercheurs britanniques, qui ont analysé des tissus mammaires prélevés chez des femmes atteintes d'un cancer du sein et ayant subi une mastectomie, ont trouvé des traces de parabènes dans la presque totalité de ces tissus. Leurs travaux sont publiés dans la revue Journal of Applied Toxicology.

Les parabènes sont des perturbateurs endocriniens qui imitent le fonctionnement de l'hormone estrogène. Cette dernière est connue pour jouer un rôle dans le développement du cancer du sein. Les parabènes sont couramment utilisés comme agents de conservation dans les cosmétiques, les produits alimentaires et pharmaceutiques.

Un lien a été proposé entre les déodorants et le cancer du sein notamment parce qu'une forte proportion, en augmentation, des tumeurs du cancer du sein se trouve dans la partie supérieure extérieure du sein, qui est la plus proche des aisselles. Un cancer sur deux se développe dans cette partie.

Philippa Darbre (Université de Reading) et Lester Barr (Université de Manchester) ont détecté des traces d’au moins un parabène dans 99% des tissus prélevés et de cinq parabènes dans 60% de ceux-ci. Mais comme 7 des 40 femmes ont déclaré n’avoir jamais utilisé de déodorant, il existe d’autres sources potentielles d'exposition aux parabènes. Les niveaux détectés étaient 4 fois supérieurs à ceux d'une étude similaire, plus petite, menée par l'équipe du Dr. Darbre en 2004.

Des niveaux plus élevés d'un type particulier de parabène ont été détectés dans la région du sein la plus près de l'aisselle et l'incidence de tumeur était plus élevée dans cette région.

Le fait que les parabènes ont été détectés dans la presque totalité des échantillons ne montre pas qu'ils ont effectivement causé le cancer, précise toutefois Dre Darbre. Mais il justifie de poursuivre des recherches plus approfondies.

En attendant, elle suggère aux femmes de diminuer ou cesser l'utilisation de produits cosmétiques autant que possible. Nous utilisons trop de produits, dit-elle. Trop pour notre corps et trop pour l'environnement.

Une limite majeure de cette étude est qu'elle ne comparait pas les niveaux de parabènes chez des femmes atteintes du cancer du sein et des femmes en santé.

dimanche 8 janvier 2012

Un gène agit comme un frein sur la progression du cancer du sein

Une étude nouvellement publiée explore le rôle du gène 14-3-3σ dans la suppression de tumeurs

Une récente étude du Centre de recherche sur le cancer Goodman de l'Université McGill fournit une nouvelle preuve convaincante selon laquelle le gène 14-3-3a joue un rôle essentiel dans l'interruption du déclenchement et de la progression du cancer du sein. Dirigée par William J. Muller, du Département de biochimie et affilié à l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR CUSM), l'étude sera publiée en ligne aujourd'hui dans le journal Cancer Discovery.

La découverte de cette nouvelle cible permet d'entrevoir l'élaboration de thérapies susceptibles de ralentir ou de stopper la progression du cancer du sein. Monsieur Muller a également déclaré que ce gène est vraisemblablement un joueur de premier plan dans d'autres types de cancer.

Selon des observations cliniques antérieures révélant que l'expression du gène 14-3-3a est réduite à néant dans une proportion importante de cancers du sein, les chercheurs ont longtemps soupçonné que ce gène empêche la scission de cellules cancéreuses. L'équipe mcgilloise voulait confirmer cette hypothèse. À l'aide d'un modèle de souris transgénique qui exprime l'oncogène ErbB2, associé aux cancers du sein agressifs, les chercheurs ont désactivé le gène 14-3-3a dans la glande mammaire.

« Nous avons découvert que la perte de cette expression entraînait l'accélération radicale de l'apparition d'une tumeur », a expliqué M. Muller. « Les gènes 14-3-3 et ErbB2 coopèrent, le premier agissant comme un frein. Sans ce frein, l'ErbB2 peut induire la scission indéfinie des cellules. Par ailleurs, non seulement la capacité de ces cellules à se fractionner augmente-t-elle, mais elles deviennent métastatiques et peuvent envahir des zones distantes. »

Les coauteurs comprennent Chen Ling, Vi-Minh-Tri Su et Dongmei Zuo, tous du Centre de recherche sur le cancer Goodman et du Département de biochimie de la Faculté de médecine de l'Université McGill. Les auteurs ont reçu des subventions des Instituts de recherche en santé du Canada et de la Fondation Terry Fox.

« Nous sommes ravis que le financement que nous avons accordé ait conduit à une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires relativement à l'apparition du cancer du sein. Cette compréhension donnera lieu à des interventions améliorées auprès de patients atteints de la maladie », a déclaré la professeure Morag Park, directrice scientifique de l'Institut du cancer des Instituts de recherche en santé du Canada.

On peut consulter l'article intitulé Loss of the 14-3-3σ tumour suppressor is a critical event in ErbB2-mediated tumour progression ici : http://cancerdiscovery.aacrjournals.org/content/early/2011/11/10/2159-8290.CD-11-0189.abstract

samedi 7 janvier 2012

Des cellules immunitaires de la peau peuvent contribuer au cancer

Un type de cellules immunitaires plus connu pour détecter des corps étrangers dans la peau peut aussi favoriser le développement de tumeurs lorsqu'il métabolise des produits chimiques de l'environnement rapportent des chercheurs. Les tissus épithéliaux, qui incluent la peau et recouvrent beaucoup de surfaces de l'organisme, forment une barrière critique contre les microbes et les toxines qui peuvent causer le cancer. Chez l'homme, 90 pour cent des cancers proviennent de ces tissus. Ils sont remplis de cellules dites dendritiques dont le sous-groupe des cellules de Langerhans qui reconnaissent les antigènes et les présentent à leur surface pour alerter les lymphocytes T. Les antigènes peuvent provenir de microbes ou de tumeurs. Chose surprenante toutefois, les souris dépourvues de cellules de Langerhans sont protégées de toute carcinogenèse chimique et Badri Modi avec ses collègues ont voulu savoir pourquoi. En utilisant un modèle de carcinome à cellules squameuses chez la souris, ils révèlent comment les cellules de Langerhans pourraient causer la transformation de cellules épithéliales saines de la peau en cellules cancéreuses. En réponse au carcinogène 7,12 diméthylbenz[a]anthracène (DMBA), les cellules de Langerhans augmentent l'expression d'une enzyme appelée CYP1B1 qui métabolise le DMBA en un composé capable de provoquer des mutations dans l'ADN des cellules. Les auteurs font remarquer que le DMBA est un hydrocarbure aromatique polycyclique, ou HAP, et que ces substances sont en général très fréquentes dans la pollution industrielle. Les particules contenant les HAP pourraient ainsi être un facteur environnemental sous-estimé dans l'origine des cancers de la peau selon les auteurs.

« Langerhans Cells Facilitate Epithelial DNA Damage and Squamous Cell Carcinoma » par B.G. Modi, J. Neustadter, J. Lewis, R.B. Filler, S.J. Roberts, B.Y. Kwong, S. Reddy, A. Galan, R. Tigelaar, Michael Girardi, M. Shlomchik et J.D. Overton de la Yale University School of Medicine à New Haven, CT ; L. Cai de Biotranex à Monmouth Junction, NJ ; P. Fu de la United States Food and Drug Administration (FDA) à Jefferson, AR ; D.H. Kaplan de l'Université du Minnesota à Minneapolis, MN ; E. Binda et A. Hayday du King's College et du Comprehensive Biomedical Research Centre of Guy's and St. Thomas' Hospitals et du Cancer Research UK à Londres, Royaume-Uni.

mercredi 4 janvier 2012

Un composé anticancéreux qui épargne les cellules saines

L'acide lithocholique, naturellement synthétisé par le foie pendant la digestion, a été sérieusement sous-estimé. En effet, une étude publiée dans la revue Oncotarget démontre que cet acide peut détruire plusieurs types de cellules cancéreuses, comme celles de certaines tumeurs cérébrales et du cancer du sein. L'équipe de recherche, dirigée par l'Université Concordia, comprenait des scientifiques de l'Université McGill, de l'Institut Lady Davis de l'Hôpital général juif de Montréal et de l'Université de la Saskatchewan.

Des travaux antérieurs menés par la même équipe avaient montré que l'acide lithocholique prolongeait la durée de vie de la levure. Cette fois, l'équipe a découvert que cet acide peut éliminer sélectivement les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules normales. Cela pourrait constituer une amélioration considérable par rapport aux médicaments de la chimiothérapie, qui détruisent indistinctement cellules cancéreuses et cellules saines.

« L'acide lithocholique ne détruit pas seulement les cellules cancéreuses individuelles. Il pourrait aussi empêcher la croissance de la tumeur », explique Vladimir Titorenko, auteur principal de l'étude, titulaire de la Chaire de recherche de l'Université Concordia en génomique, biologie cellulaire et vieillissement, et professeur au Département de biologie.

Qui plus est, l'acide lithocholique empêche les tumeurs de libérer des substances qui favorisent la croissance et la prolifération des cellules cancéreuses voisines. Le professeur Titorenko estime que l'acide lithocholique est le seul composé qui cible les cellules cancéreuses; il pourrait ainsi permettre d'interrompre la progression de la tumeur.

« Cet aspect est important pour empêcher les cellules cancéreuses de se propager à d'autres parties du corps », précise-t-il, faisant remarquer que contrairement aux autres composés antivieillissement, l'acide lithocholique arrête la croissance des cellules cancéreuses sans pour autant compromettre celle des cellules normales.

Un effet à large spectre sur différentes formes de cancer

L'équipe de recherche devra maintenant évaluer l'effet de l'acide lithocholique sur différents modèles murins de cancers. Le professeur Titorenko pense que l'acide lithocholique détruira les cellules cancéreuses dans le cadre de ces expériences, ce qui ouvrira la voie à des essais cliniques chez l'humain. « Nous avons découvert que l'acide lithocholique détruit non seulement les tumeurs (neuroblastomes), mais aussi les cellules du cancer du sein humain, explique-t-il. Cela prouve qu'il agit sur différentes formes de cancer. »

Contrairement aux médicaments utilisés en chimiothérapie, l'acide lithocholique est un composé naturel déjà présent dans l'organisme humain. Des études ont montré que cet acide peut être administré sans danger aux souris dans leur alimentation. Pourquoi est-il mortel pour les cellules cancéreuses? Le professeur Titorenko croit que les cellules cancéreuses possèdent un plus grand nombre de capteurs pour l'acide lithocholique, ce qui les rend plus sensibles à ce composé que les cellules normales.

Ces capteurs transmettent des signaux aux mitochondries, qui sont les « usines énergétiques » des cellules. Il semble que lorsque ces signaux sont trop forts, les mitochondries s'autodétruisent, entraînant les cellules avec elles. Autrement dit, le professeur Titorenko et ses collègues ont saboté les cellules cancéreuses en ciblant leur sensibilité à l'acide lithocholique.


Partenaires de recherche :
Cette étude a bénéficié de l'appui des Instituts de recherche en santé du Canada, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et du programme des chaires de recherche de l'Université Concordia.


Liens connexes :
Étude citée :
http://spectrum.library.concordia.ca/36018
Département de biologie de l'Université Concordia :
http://biology.concordia.ca
Université McGill :
http://www.mcgill.ca
Institut Lady Davis de l'Hôpital général juif :
http://ladydavis.ca
Université de la Saskatchewan :
http://www.usask.ca

mardi 13 décembre 2011

Cancer du sein : la piste d'un vaccin testé sur la souris

Le volume d'une tumeur mammaire de souris a été réduit de 80 %.

Le cancer du sein frappera une femme sur huit au cours de son existence. C'est le cancer féminin le plus fréquent. Le nombre de cas ne fait que s'accroître sous l'effet de plusieurs facteurs, notamment l'alimentation, la sédentarité et le vieillissement de la population. Pourra-t-on un jour mettre au point un vaccin qui empêche cette maladie si fréquente d'apparaître? On en est encore loin. Mais des scientifiques américains du Centre de lutte contre le cancer de la Mayo Clinic de l'Arizona travaillent, eux, sur un vaccin thérapeutique qui inciterait l'organisme à produire des anticorps dirigés contre les cellules cancéreuses, et elles seules. Ils ont mis au point un protocole, testé chez la souris, qui a permis de réduire de 80% le volume de tumeurs mammaires. Leurs résultats très intéressants, publiés lundi dans la revue de l'Académie américaine des sciences (PNAS), ouvrent une nouvelle approche prometteuse, mais qui reste à tester chez l'être humain.

Pendant des décennies, les chercheurs se sont demandé comment faire pour que le système immunitaire reconnaisse les différences entre les cellules normales et cancéreuses, de manière à l'inciter, par un vaccin par exemple, à détruire les cancéreuses, et elles seules. À ce jour, l'organisme n'est pas capable de distinguer les tissus normaux du cancer et ne manifeste donc aucun rejet spontané à son égard. Or, récemment, des chercheurs ont découvert que quand des cellules deviennent cancéreuses, les hydrates de carbone à la surface de certaines protéines cellulaires présentent des différences avec ceux des cellules saines. Ce sont ces microscopiques différences qui sont à la base du vaccin contre le cancer du sein mis au point par les chercheurs de la Mayo Clinic.

Ils se sont penchés sur des souris qui développent facilement des cancers mammaires et qui surexpriment une protéine MUC1 à la surface de leurs cellules (comme c'est le cas pour beaucoup de cancers du sein de la femme). À cette protéine est associé un groupe d'hydrates de carbone spécifiques, distincts de ceux de cellules saines.

À partir de là, les chercheurs ont construit un vaccin relativement simple. Complètement synthétique, il comprend trois composants: un facteur stimulant le système immunitaire (utilisé comme adjuvant), un facteur capable de doper spécifiquement la production de cellules T (tueuses contre le cancer) et un peptide qui cible la réaction immunitaire contre les cellules portant la protéine MUC1 associée aux hydrates de carbone spécifiques du cancer du sein.

«Ce vaccin injecté à des souris atteintes d'une tumeur mammaire a entraîné une très importante réaction immunitaire, raconte un des coauteurs de ce travail, Geert-Jan Boons, qui a été capable d'activer trois composantes du système immunitaire pour réduire de 80 % la taille de la tumeur.»
«C'est la première fois qu'un vaccin est développé pour entraîner le système immunitaire à distinguer et tuer les cellules cancéreuses grâce aux structures d'hydrates de carbone sur la protéine MUC1», estime Sarah Gendler, coauteur de cette recherche.

Selon l'Institut américain du cancer, cette protéine est l'une des plus importantes pour la mise au point de vaccin anticancer. Elle est retrouvée sur les cellules du cancer du sein, mais aussi dans d'autres localisations, pancréas, ovaires… Ainsi, MUC1 serait surexprimé chez 90 % des patientes atteintes de cancer du sein dits «triple négatif» et qui résistent au traitement hormonal et à d'autres médicaments.

Les chercheurs continuent à tester ce vaccin sur divers modèles expérimentaux. Ils envisagent de le tester à court terme sur des malades. «Avec l'idée, précise le professeur Boons, que, combinée au dépistage précoce, cette approche pourra transformer la prise en charge de cette maladie.»

Pour l'instant, cette stratégie est de l'ordre de la recherche pure. D'autres protocoles visant à mettre en place un vaccin thérapeutique contre le cancer du sein ont échoué. L'avenir dira le reste.
Source: lefigaro

lundi 12 décembre 2011

Un gène protecteur des cancers colorectaux

L’équipe de Patrick Mehlen, du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon (CRCL, Inserm/CNRS/Centre Léon Bérard/Université Claude Bernard Lyon 1) vient de démontrer qu'un gène (nommé "DCC" pour Deleted Colorectal Cancer) protège contre le développement de tumeurs colorectales, en induisant la mort des cellules cancéreuses. Les chercheurs lyonnais ont mis au point un modèle animal porteur d’une mutation sur le gène DCC. Les souris porteuses de la mutation développent des tumeurs car ce gène ne peut plus induire la mort des cellules cancéreuses. Cette découverte pourrait aboutir plus largement à la mise au point d'un nouveau traitement anti-cancéreux ciblé visant à réactiver la mort des cellules cancéreuses.
Les résultats de cette étude sont publiés dans une Lettre de la revue Nature datée du 11 décembre 2011.


L’équipe de Patrick Mehlen, directeur du Laboratoire d’Excellence DEVweCAN au Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon (CNRS/Inserm/Centre Léon Bérard/Université Claude Bernard 1) étudie le processus de mort cellulaire - apoptose - et plus particulièrement le mécanisme qui permet aux cellules de comprendre qu’elles doivent s’engager dans un processus d’autodestruction lorsqu’elles deviennent anormales. L’équipe de Patrick Mehlen a proposé que ce mécanisme passe par des sentinelles localisées à la surface des cellules et qui scrutent leur environnement. Les chercheurs ont nommé ces sentinelles des "récepteurs à dépendance".

L'action des récepteurs à dépendance
Les chercheurs se sont penchés sur le concept de ces "récepteurs à dépendance". Dans le cas où un récepteur cellulaire est associé à son ligand, le message classique indique que "tout va bien" et conduit à la survie de la cellule. Par contre, lorsque le récepteur est privé de son ligand, il peut envoyer un message qui conduit à la mort de la cellule, un mécanisme également appelé "apoptose". Appliqué à la recherche contre le cancer, l'absence de ligand pourrait induire la mort de cellules cancéreuses qui prolifèrent de manière anarchique.

Dans cette étude, l'équipe de Patrick Mehlen montre que le gène DCC (pour Deleted Cancer Colorectal), qui code pour un "récepteur à dépendance", protège l'organisme de l’apparition de cancer en provoquant la mort des cellules qui deviennent cancéreuses. Les chercheurs ont utilisé un modèle de souris où le gène DCC est génétiquement modifié. La mutation de ce "récepteur à dépendance" empêche l'induction de l'apoptose. Lorsque que le gène DCC est éteint par mutation, la souris, développe spontanément des cancers du côlon.

"L'organisme est naturellement protégé du développement de cancers grâce à la présence de ce gène suppresseur de tumeur. Malheureusement, certaines cellules cancéreuses échappent à ce contrôle en bloquant ce mécanisme de "récepteurs à dépendance". On sait ainsi que le gène DCC est éteint dans la majorité des cancers chez l'homme", explique Patrick Mehlen.

Le travail des chercheurs pourrait déboucher dans un futur proche sur un nouveau traitement ciblé visant à réactiver la mort des cellules cancéreuses pour détruire les cancers, tels que le cancer du sein, du poumon…"Notre groupe a d'ailleurs développé plusieurs candidats médicaments qui réactivent la mort cellulaire induite par le récepteur DCC dans des modèles animaux et nous espérons être capable de tester ces candidats médicaments en essai clinique chez l'homme d'ici 3 ans", conclut Patrick Mehlen.


Sources
DCC constrains tumour progression via its dependence receptor activity
Marie Castets (1), Laura Broutier (1), Yann Molin (1), Marie Brevet (2), Guillaume Chazot (1), Nicolas Gadot (2), Armelle Paquet (2), Laetitia Mazelin (1), Loraine Jarrosson-Wuilleme (1), Jean-Yves Scoazec (2), AgnesBernet (1) & Patrick Mehlen (1)
(1) Apoptosis, Cancer and Development Laboratory - Equipe labellisée ‘La Ligue’, LabEx DEVweCAN, Centre de Cancérologie de Lyon, INSERM U1052-CNRS UMR5286, Université de Lyon, Centre Léon Bérard, 69008 Lyon, France.
(2) Endocrine Differentiation Laboratory, Centre de Cancérologie de Lyon, INSERM U1052-CNRS UMR5286, Université de Lyon, Hospices Civils de Lyon, Hôpital Edouard Herriot, Anatomie Pathologique, 69437 Lyon, France.
Nature, 11 décembre 2011doi:10.1038/nature10708

jeudi 8 décembre 2011

Des scientifiques capturent des molécules cancéreuses uniques… en pleine action

Des chercheurs ont révélé comment une molécule appelée télomérase contribue à maintenir l'intégrité de notre code génétique et, lorsqu'elle est engagée dans la dérégulation du code, son rôle important dans l'apparition du cancer. C'est dans la parution du 9 décembre 2011 de la publication Molecular Cell que les scientifiques en question de l'Université de Montréal expliquent comment ils ont pu réaliser cette découverte à l'aide de techniques de pointe en microscopie, pour voir en temps réel la télomérase agir dans des cellules vivantes.

« Chaque fois que nos cellules se divisent, elles ont besoin de recopier complètement l'ADN génomique qui code nos gènes, mais le génome rapetisse chaque fois, jusqu'à ce que la cellule cesse de se diviser, explique Pascal Chartrand, professeur de biochimie à l'Université de Montréal et l'un des auteurs de l'article. Toutefois, la télomérase ajoute aux extrémités de notre génome de petits éléments d'ADN appelés télomères. Les télomères maintiennent la stabilité du génome, ce qui permet aux cellules de se diviser indéfiniment et de devenir cancéreuses. Normalement, la télomérase n'est pas active, mais on ne comprend pas très bien comment elle est contrôlée. L'une des difficultés provient du fait que nous avons besoin de voir exactement l'action qu'exerce chacune des molécules de télomérase sur notre génome, et à quel moment cette action s'exerce. » Franck Gallardo, auteur principal de l'étude, ajoute que l'équipe a réussi à appliquer des techniques auxquelles elle a recourt pour d'autres travaux qu'elle effectue dans son laboratoire. « Nous avons pu, dans les faits, voir l'action individuelle de la télomérase sur les cellules », précise-t-il.

En collaboration avec Nancy Laterreur et le professeur Raymund Wellinger de l'Université de Sherbrooke, le docteur Gallardo a pu étiqueter la télomérase à l'aide de protéines fluorescentes, ce qui leur a permis d'observer la télomérase dans des organismes unicellulaires vivants. Grâce à cette percée technologique, ils ont observé que, contrairement aux théories précédentes, un grand nombre de télomérases se forment en grappes sur quelques télomères et allongent ceux-ci à chaque cycle cellulaire. Par ailleurs, ils ont identifié des facteurs de régulation qui restreignent l'activité de la télomérase à l'intérieur d'une période de temps très brève, avant que la cellule se divise. Cette nouvelle technologie offre la possibilité d'étudier l'activité d'un facteur clé de l'apparition du cancer au niveau moléculaire au sein de son environnement cellulaire.

À propos de l'étude:
Les auteurs de l'étude intitulée « Live cell imaging of telomerase RNA dynamics reveals cell cycle-dependent clustering of telomerase at elongating telomeres », publiée dans Molecular Cell, sont Franck Gallardo, Nancy Laterreur, Emilio Cusanelli, Faissal Ouenzar, Emmanuelle Querido, Raymund J. Wellinger et Pascal Chartrand.

mercredi 7 décembre 2011

Cancer: une protéine pourrait être la clé pour bloquer les métastases

Une simple protéine, la périostine, pourrait être la clé pour bloquer le développement de métastases qui constituent l'un des grands risques de complications pour les malades atteints d'un cancer, selon un article publié mercredi dans Nature.

Une équipe de chercheurs suisses a découvert que sans cette protéine existant naturellement dans le corps, les cellules cancéreuses diffusées à partir d'une tumeur maligne initiale ne peuvent se développer ailleurs en métastases, à savoir en nouvelles tumeurs.

On sait déjà qu'une tumeur diffuse dans le corps des cellules cancéreuses et que seules certaines de celles-ci, les cellules souches cancéreuses, sont capables de développer des métastases, à condition de trouver un terrain propice, ce que les cancérologues appellent une niche

Des chercheurs de l'Institut Suisse de Recherche Expérimentale sur le Cancer (Isrec) et de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont pu isoler la périostine dans ces niches chez la souris et démontrer chez ce rongeur que sans cette protéine, il n'y a pas de métastase.

Sans cette protéine, la cellule souche cancéreuse ne peut pas développer une métastase. Elle disparaît ou devient dormante, explique le Pr Joerg Huelsken de l'EPFL, qui cosigne l'article dans Nature.

Sous le titre les interactions entre cellules souches cancéreuses et leur niche gouvernent la colonisation métastasique, les chercheurs de l'EPFL et de l'Isrec affirment que bloquer le fonctionnement de la périostine empêche la métastase.

Cela a d'ailleurs déjà été réalisé sur des souris. Nous avons développé un anticorps qui adhère à la protéine et l'empêche de fonctionner, explique le Pr Huelsken. Nous espérons de cette façon être capables de bloquer le processus de formation des métastases.

Mais il n'est pas sûr que la transposition à l'homme soit valable: nous ne sommes pas sûr de trouver un anticorps équivalent qui fonctionnera chez les humains, selon le chercheur suisse.

En outre, il n'est pas non plus certain que le blocage de l'action de cette protéine entraîne aussi peu d'effets secondaires chez l'homme que ce qui a pu être observé chez la souris.

Le cancer est une cause majeure de décès dans le monde, à lorigine de 7,6 millions de décès en 2008, soit environ 13% de la mortalité mondiale, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les cancers du poumon (1,4 millions de décès), de lestomac (740.000 décès), du foie (700.000 décès), du côlon (610.000 décès) et du sein (460. 000 décès) sont ceux qui entraînent le plus grand nombre de morts.
Source:AFP

lundi 21 novembre 2011

Le Viagra montre des signes d'efficacité contre le cancer

Le Viagra a été testé avec succès en tant qu'anticancéreux chez des souris atteintes de mélanomes. Les essais cliniques doivent confirmer son intérêt pour l'homme.
Le Viagra pourrait bien connaître une seconde vie, ou plutôt une troisième. Ce médicament initialement prévu pour soigner l'angine de poitrine a poursuivi sa course en tant que traitement de la dysfonction érectile. Cette indication avait été fortuitement découverte suite aux effets secondaires relevés au cours d'essais cliniques. Désormais, une nouvelle étude allemande montre que la molécule active de ce médicament, appelée sildénafil, pourrait être efficace contre le cancer. Les chercheurs l'ont testée chez des souris développant des mélanomes (cancers de la peau) très similaires aux formes humaines. Les animaux qui prenaient du viagra avaient deux fois plus de chance de survie à 7 semaines que les autres.
Lorsqu'une tumeur se développe, l'organisme reconnaît les cellules cancéreuses au même titre qu'un virus ou une bactérie et déploie son système immunitaire pour les éliminer. Cependant, dans certains cas, les cellules malades résistent et provoquent l'accumulation de facteurs d'inflammation. On parle alors d'inflammation chronique. Cette situation entraîne le recrutement de cellules immunosuppressives capables d'inhiber le système de défense, notamment les lymphocytes T, à proximité de la tumeur.

L'équipe allemande a cherché à restaurer les mécanismes de défense contre les cellules cancéreuses chez des souris malades en utilisant le sildénafil. «Cette molécule réduit l'activité du monoxyde d'azote, une substance produite par les cellules immunosuppressives qui participe à la destruction des lymphocytes T, explique Viktor Umansky, coauteur des travaux au centre de recherche allemand de cancérologie. Chez tous les animaux traités, nous avons constaté une baisse de l'inflammation dans l'environnement de la tumeur et un retour à la normale du nombre de lymphocytes T», se réjouit-il. Selon lui, ces résultats très positifs devraient pouvoir s'observer également avec d'autres types de tumeurs. L'équipe allemande aidée de cliniciens prévoit de lancer prochainement un essai clinique de phase I chez l'homme afin d'identifier une dose efficace et bien tolérée dans cette nouvelle indication.
«Restons très prudents, tempère néanmoins le Pr Serge Evrad, président de la Société française du cancer. Ces travaux ont été effectués chez la souris et elle guérit plus souvent que nous de ses cancers !». Il se réjouit cependant que cette étude ait porté sur le mélanome. «Il s'agit d'un cancer pour lequel nous sommes assez démunis du point de vue thérapeutique. Ces travaux montrent que la recherche s'y intéresse, c'est donc une nouvelle encourageante». Elle fait suite à une autre bonne nouvelle récente, l'annonce de résultats prometteurs de la première molécule ciblée dans cette indication, le vémurafénib.
Source:lefigaro

vendredi 11 novembre 2011

Cancer du sein : une nouvelle cible identifiée pour ralentir sa progression

Une nouvelle cible permettant de ralentir la progression du cancer du sein et le développement des métastases vient d'être identifiée par une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Richard Kremer de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM). Les complications rencontrées par les patientes atteintes de cancer du sein sont généralement dues à la propagation des tumeurs sous forme de métastases vers d'autres parties du corps, plus particulièrement les os et les poumons. Ces découvertes, publiées cette semaine dans le Journal of Clinical Investigation (JCI), suggèrent qu'une protéine spécifique jouerait un rôle clé dans la progression de la maladie en dehors de la tumeur initiale.
Les chercheurs ont montré que cette nouvelle cible, connue sous le nom de « protéine apparentée à l'hormone parathyroïdienne » (PTHrP), et présente en grande quantité chez les patients atteints de cancer, est impliquée dans les principaux stades du cancer sein : son apparition, sa progression et la proliferation des métastases. « Nous espérons pouvoir prévenir la récurrence et freiner la croissance et le développement du cancer du sein à l'aide d'une stratégie visant à réduire la production de cette protéine clé », affirme le Dr Kremer, auteur principal de l'étude et également co-directeur de l'Axe des troubles musculosquelettiques de l'IR-CUSM et professeur au département de médecine à l'Université McGill.

Afin de mieux comprendre le rôle joué par la PTHrP dans le développement du cancer, les chercheurs ont décidé de bloquer la production de la protéine dans les cellules cancéreuses du sein. Pour cela, ils ont utilisé une méthode appelée le « conditional knock-out » basée sur l'inactivation du gène d'intérêt (dans ce cas, celui responsable de la production de la PTHrP) dans un tissu spécifique. Ils ont ensuite regardé comment la tumeur progressait.

« On a noté une réduction de 80 à 90 pour cent de la croissance de la tumeur, en l'absence de PHTrP dans le sein et avant même qu'elle ne se développe », explique le Dr Kremer. « La suppression de cette protéine dans le sein et dans les tumeurs cancéreuses permet de bloquer non seulement la croissance des tumeurs, mais également leur propagation aux différents organes. »

Dans l'optique de pouvoir utiliser cette même technique chez les patients, le Dr Kremer et son équipe ont développé un anticorps monoclonal contre la PHTrP, c'est-à-dire une molécule qui imite les anticorps produits par le système immunitaire de notre corps en réponse aux envahisseurs et largement utilisée dans le traitement du cancer. Ils ont donc été capables de bloquer la croissance des cellules humaines cancéreuses du sein transplantées dans des modèles animaux et la progression des métastases; préparant le terrain pour des essais cliniques dans un futur proche.

« Cela ouvre la voie à de nouveaux traitements pour les patients atteints d'un type de cancer plus agressif qui ne réagissent pas au traitement habituel », explique le Dr Kremer. « « Il y a, là, un potentiel pour mieux traiter la maladie et améliorer la qualité de vie de nombreux patients. »

Détails de l'étude
le 10 novembre 2011
Les bourses de recherche ont été offertes par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), par la Fondation Susan G. Komen for the Cure et par le département de la Défense des États-Unis.

Cet article a été coécrit par Jiarong Li, Dao C. Huang, Xian Fang Yang (département of médicine, Université McGill/Centre universitaire de santé McGill); Richard Kremer (département of médicine, Université McGill/Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et Institut de recherche du CUSM); Andrew C. Karaplis (L'Institut Lady Davis pour la recherche médicale, Hôpital général juif); Anne Camirand (département of médicine, Université McGill/CUSM et Lady Davis pour la recherche médicale, Hôpital général juif); William J. Muller, Peter M. Siegel ( Centre de recherche sur le cancer Rosalind et Morris Goodman, Université McGill).

jeudi 10 novembre 2011

Un logiciel qui repère le cancer

De nouveaux logiciels de traitement d'image peuvent rivaliser avec les yeux d'un anatomo-pathologiste. Des chercheurs ont développé un programme appelé « C-Path » qui recherche dans les images prises au microscope de tissu du sein plus de 6 000 caractéristiques liées au cancer. Ce programme a permis de prédire la sévérité du cancer dans deux groupes de femmes et pourrait s'avérer utile pour évaluer les chances de survie des patientes. Depuis les années 1920, les anatomo-pathologistes se fient essentiellement à un petit nombre de caractéristiques pour détecter des anomalies dans leurs échantillons tissulaires. Andrew Beck et ses collègues ont mis au point C-Path dans le but d'identifier d'autres traits cancéreux qui permettraient de préciser le pronostic de survie. Ils ont testé C-Path sur des échantillons de tissu de patientes néerlandaises. Le logiciel a trouvé un ensemble entièrement nouveau d'indices associés à une faible chance de survie. Dans un autre groupe de patientes de Vancouver, au Canada, C-Path a prédit leur chance de survie à partir d'un ensemble de caractéristiques déjà connues ou pas des tissus cancéreux. Le classement des tissus comme de type épithélial ou stromal, élément important du diagnostic du cancer, a demandé plus de travail et l'équipe a dû apprendre au logiciel comment repérer ces deux types à partir d'échantillons marqués à la main. Un article Perspective associé salue C-Path comme le premier système de détection de pathologie assistée par ordinateur utilisable, mais pointe aussi les limitations importantes du logiciel qui peuvent entraver son emploi immédiat dans les centres de soin.

« Systematic Analysis of Breast Cancer Morphology Uncovers Stromal Features Associated with Survival » par A.H. Beck, A.R. Sangoi, R.B. West, M. van de Rijn de la Stanford University School of Medicine à Stanford, CA ; A.H. Beck, R.J. Marinelli et D. Koller de l'Université de Stanford à Stanford, CA ; A.R. Sangoi du El Camino Hospital à Mountain View, CA ; S. Leung et T.O. Nielsen de l'Université de Colombie Britannique à Vancouver, BC, Canada ; M. van de Vijver de l'Academic Medical Center à Amsterdam, Pays-Bas ; A.H. Beck du Beth Israel Deaconess Medical Center et de la Harvard Medical School à Boston, MA.

lundi 31 octobre 2011

Risque accru de tumeurs suite à la stimulation ovarienne ?

Les effets à long terme de la stimulation ovarienne préalable aux fécondations in vitro (FIV) ont été évalués par des chercheurs néerlandais comme augmentant le risque de tumeurs ovariennes malignes "limites".

Des examens sur un suivi de 15 ans ont été réalisés sur près de 25 000 femmes peu fertiles. Il en ressort que le risque de lésions malignes de l’ovaire, cancers ou tumeurs limites, a doublé chez celles qui ont subi une stimulation ovarienne pour FIV par rapport aux femmes hypofertiles non traitées pour FIV. Le risque de développer un cancer ovarien, bien qu’il soit légèrement augmenté, est toutefois qualifié de non significatif.

Des études complémentaires vont être mises en place pour confirmer ces premiers résultats.
Le Quotidien du Médecin (Dr Béatrice Vuaille) 28/10/11

vendredi 28 octobre 2011

Pourquoi la chimiothérapie cible certaines cellules et en épargne d'autres.

Une nouvelle étude permet de mieux comprendre pourquoi les chimiothérapies agissent mieux sur certaines cellules cancéreuses que sur d'autres et pourquoi les substances utilisées sont plus toxiques pour les tumeurs que pour les tissus normaux. Ces médicaments ont été au coeur des thérapies du cancer des 60 dernières années sans que les scientifiques sachent exactement pourquoi elles sont plus efficaces sur certains tissus que sur d'autres. Triona NI Chonghaile et ses collègues ont fait l'hypothèse que l'une des causes de cette variabilité pouvait être la capacité des cellules à subir une forme de mort programmée appelée apoptose. Des acteurs clés de l'apoptose sont des protéines de signalisation ciblant un organite cellulaire appelé mitochondrie, entraînant alors sa destruction. Comme les mitochondries fabriquent la source d'énergie des cellules, leur disparition entraîne celle de la cellule. Ni Chonghaile et ses collègues ont mis au point un test pour mesurer la facilité avec laquelle ces protéines traversaient la membrane externe de la mitochondrie. Les chercheurs ont appliqué ce test à divers échantillons de tumeurs prélevés sur des patients puis observé les traitements suivis par ces patients. Conformément à leur hypothèse, les patients avec des cancers à mitochondries plus perméables répondaient mieux à la chimiothérapie. Cette découverte suggère que de tels test pourraient aider à prédire la réponse des tumeurs aux traitements. Et agir sur les tumeurs pour augmenter la sensibilité de leurs mitochondries pourrait dans certains cas les rendre plus vulnérables aux chimiothérapies.
Source:le Science du 28 octobre 2011