Cette découverte pourrait, à terme, déboucher sur une amélioration du traitement de certains cancers, indique à l’AFP Jean-Philippe Girard (Inserm CNRS/Université Toulouse III-Paul Sabatier) qui a dirigé ces travaux paraissant dans la revue bimensuelle américaine Cancer Research.
Dans l’organisme, une catégorie de globules blancs, appelés « lymphocytes tueurs », est chargée de reconnaître et de détruire les cellules cancéreuses.
Cependant, l’éradication de la maladie requiert la présence de millions de globules tueurs au contact des tumeurs.
Les chercheurs ont voulu savoir comment ces derniers parvenaient à pénétrer dans les tumeurs pour les détruire.
Présence de vaisseaux sanguins particuliers
En étudiant près de 150 patientes souffrant d’un cancer du sein, les chercheurs ont ainsi découvert la présence d’un type particulier de vaisseaux sanguins, appelés HEV, qui se développent à la périphérie des tumeurs.
Normalement, ces vaisseaux HEV sont présents dans les ganglions où ils servent de porte d’entrée aux lymphocytes provenant du sang.
À l’examen, les chercheurs se sont aperçus que la paroi de ces vaisseaux est tapissée de cellules arrondies et que cette morphologie facilite le passage des lymphocytes du sang vers les tissus.
L’équipe toulousaine a constaté que la présence de grandes quantités de lymphocytes tueurs dans les tumeurs du sein était liée à la présence d’un grand nombre de ces vaisseaux HEV dans ces tumeurs.
Cela suggère que, comme dans les ganglions, ces vaisseaux constituent la porte d’entrée des lymphocytes dans les tumeurs.
« Quand il y a beaucoup de ces vaisseaux HEV dans une tumeur, la probabilité de guérison des patientes est augmentée. C’est toujours de bon pronostic », explique M. Girard.
Confirmation des résultats sur un millier de patients
Prochaine étape : confirmer ces résultats sur un millier de patientes pour le cancer du sein et autant pour celui de colon et sur un peu moins de malades pour le cancer de l’ovaire, moins fréquent, dit-il.
Les chercheurs débutent également l’étude de l’influence de ces vaisseaux HEV, recruteurs de globules tueurs, sur la réponse aux thérapeutiques (chimio et radiothérapies) couramment utilisées pour traiter le cancer du sein.
À plus long terme, « l’objectif est d’augmenter la quantité de ces vaisseaux dans les tumeurs ou sinon de les y faire apparaître - en transformant les vaisseaux nourriciers des tumeurs - afin de permettre un recrutement massif de lymphocytes tueurs pour éradiquer les cellules cancéreuses », ajoute-t-il.