Des conflits d'intérêts financiers se glissent par la porte arrière dans des recherches pharmaceutique publiées prévient une équipe internationale de recherche que dirigent des chercheurs de l'Institut Lady Davis de recherches médicales rattaché à l'Hôpital et de l'Université McGill de Montréal.
Les politiques et les ordonnances médicales sont de plus en plus dictées par des méta-analyses, soit des études d'essais qui combinent statistiquement les résultats de plusieurs essais pharmaceutiques individuels.Dirigée par Dr Brett Thombs et Michelle Roseman, étudiante diplômée de l'Université McGill, l'équipe a constaté que de cruciales déclarations de conflits d'intérêts financiers liées à des essais pharmaceutiques individuels disparaissaient lorsque ces derniers étaient fondus dans une méta-analyse. Les conclusions des chercheurs sont publiées dans le numéro du 9 mars du JAMA (Journal of the American Medical Association).
Mme Roseman, l'auteure principale de l'étude, et le reste de l'équipe ont passé en revue 29 récentes méta-analyses de traitement pharmaceutique publiées dans des revues médicales à fort rayonnement. Ces méta-analyses comprenaient les résultats de 509 essais pharmaceutiques. L'équipe s'est penchée sur les sources de financement et les liens financiers entre l'industrie et les auteurs des 509 essais de même que sur la mention des sources de financement des essais qu'étudiaient les méta-analyses.
Seulement deux des 29 méta-analyses mentionnaient la question du financement des essais pharmaceutiques initiaux, et celles-ci l'ont fait à des endroits très obscurs dans les articles publiés, précise le Dr Thombs, psychologue et professeur adjoint au Département de psychiatrie de l'Université McGill. Aucune des méta-analyses n'indique si les chercheurs qui ont mené les essais étaient à l'emploi de l'industrie ou avaient touché des fonds de celle-ci.
La plupart des gens veulent que leur médecin choisisse leur traitement en s'appuyant sur des données scientifiques objectives de pointe, poursuit Mme Roseman. Les auteurs d'une méta-analyse devraient savoir qui finance les essais étudiés et évaluer le risque de partialité des conclusions en raison du financement des sociétés pharmaceutiques.
L'équipe a repéré sept méta-analyses où tous les essais pharmaceutiques étudiés étaient financés, au moins en partie, par le fabriquant du médicament ou dont des chercheurs avaient des liens financiers avec la société pharmaceutique. Néanmoins, dans six de ces sept méta-analyses, aucune mention n'était faite du financement des essais pharmaceutiques.
Le consommateur peut davantage être assuré de l'efficacité d'un médicament si au moins une évaluation indépendante le confirme, déclare Dr Thombs. Lorsque toutes les études existantes sont financièrement liées à une société pharmaceutique, il existe un risque de désinformation des patients et des médecins.
De nombreux chercheurs qui effectuent des méta-analyses ne semblent pas conscients de ces importantes questions, s'étonne Mme Roseman. Un sondage mené auprès des auteurs des 29 méta-analyses révèle que seulement sept déclarent avoir seulement noté les sources de financement des essais pharmaceutiques étudiés, et uniquement deux ont publié l'information. En outre, seuls deux auteurs ont noté les liens financiers entre les auteurs et l'industrie, et aucun n'a publié l'information.
Le Dr Thombs, Mme Roseman et leurs collègues demandent la modification de la politique concernant la publication des données relatives aux méta-analyses d'un traitement pharmaceutique. A moins que les auteurs d'une méta-analyse ne les fournissent au consommateur, ces données seront perdues, affirme le Dr Thombs. Les patients et les médecins veulent cette information, et il est dans le meilleur intérêt de chacun que celle-ci soit disponible.
Peu de gens achèteraient un véhicule dont le rendement et la sécurité n'auraient été évalués que par le fabricant ou encore une maison sur la seule parole du vendeur sans une inspection indépendante, renchérit Dr Thombs. Pourtant, la plupart des médicaments que les gens consomment ont été évalués par les entreprises qui les fabriquent et tirent profit de leur vente. A tout le moins, les médecins et patients doivent savoir qui évalue l'efficacité et l'innocuité des médicaments prescrits.
Outre le Dr Thombs et Mme Roseman, les chercheurs suivants ont contribué à l'étude : Katherine Milette, étudiante diplômée de l'Université McGill - Lisa A. Bero, D., de l'université de Californie à San Francisco - James C. Coyne, D., des universités de Pennsylvanie à Philadelphie et de Groningue des Pays-Bas - Joel Lexchin, M.D., des universités York, de Toronto et du réseau de santé de Toronto - ainsi que Erick H. Turner, M.D., de l'université de la santé et des sciences de l'Oregon à Portland.