jeudi 18 août 2011

Porteur de staphylocoques ? Buvez du thé (ou du café)

En 2005, plus de 278 000 Américains ont été hospitalisés pour infection à MRSA (staphylocoque résistant à la méticilline), et plus de 6 500 en sont morts. Les Américains ont peur des MRSA, ils ont même écrit des best-sellers avec (NDLR : "Etat critique", de Robin Cook). Conséquence logique : ils étudient tous les moyens de s’en débarrasser. Et viennent peut-être de trouver une partie de la solution là où on ne l’attendait pas : dans la tasse de petit noir ou celle de thé du matin.

Etude, donc, de l’effet de ces deux breuvages que certains consomment tous les jours sur le portage des staphylocoques, et en particulier des MRSA, après avoir remarqué que les propriétés bactéricides du thé et du café sont connues depuis longtemps, au moins in vitro : sur Vibrio cholerae, E. coli, shigelles, salmonelles ou le staphylocoque lui même pour le premier, sur E coli, les salmonelles ou encore une fois les staphylocoques pour le second. Restait à déterminer s’il existait vraiment un rapport entre la consommation de ces plantes et le portage nasal de staphylocoques. C’est ce que viennent de faire E M Matheson et col., grâce à une analyse des données 2003- 2004 de la National Health and Nutrition Examination Survey dont les détails de mise en œuvre, évidemment assez complexes, sont largement explicités dans l’article. Selon cette analyse, en régression logistique prenant en compte l’âge, la race, le sexe, les revenus, l’état de santé dont une éventuelle hospitalisation dans l’année et la prise d’antibiotiques, les individus consommant du thé chaud hébergeaient moitié moins souvent de MRSA que ceux qui n’en boivent pas (odds ratio 0,47, IC 95 % 0,31-0,71), des résultats quasiment superposables étant retrouvés avec le café ou en cas de consommation combinée.

Cette étude présente manifestement quelques limites, en premier lieu celle de manquer de la puissance statistique nécessaire à détecter d’éventuels seuils de consommation efficaces, alors même que les auteurs avaient divisé la population étudiée en fonction des quantités de thé et de café consommées. Elle conforte quelques très rares études cliniques, qui avaient clairement suggéré (par exemple) l’intérêt du café sur des ulcères de décubitus surinfectés par MRSA. Pour Matheson, une conclusion s’impose, celle de l’utilité de cette "nouvelle" arme, accessible et peu onéreuse, pour lutter contre le staphylocoque. Les mécanismes, littérature médicale à l’appui, sont au moins partiellement connus : acides taniques ou catéchines pour le thé, molécules comme trigonelline, glyoxal et diacétyl pour le café seraient à l’œuvre ; la caféine et/ ou la théine n’y seraient pour rien, ce qui expliquerait pourquoi les soft-drinks et autres sodas enrichis ne fonctionnent pas. A vos tasses !


Dr Jack Breuil
Matheso EM et coll. Tea and coffee consumption and MRSA nasal carriage. Annals of Family medicine 2011; 4: 299- 304