mercredi 16 mai 2012

Une thérapie cellulaire rend la vue à des malvoyants







En France, des patients souffrant d'atteintes graves de la cornée ont été traités avec succès. Comme un coup d'essuie-glace sur un pare-brise plein de boue. C'est l'impression qu'a eue dix-huit ans après son accident une femme de 40 ans opérée par l'équipe du Pr Carole Burillon, chef du service d'ophtalmologie de l'hôpital Édouard-Herriot (CHU Lyon). La spécialiste de la cornée a présenté mercredi les résultats d'une nouvelle technique chirurgicale lors d'une session de l'Académie de chirurgie consacrée à l'ingénierie tissulaire, cette nouvelle médecine qui consiste à fabriquer des tissus humains à partir de cellules et de milieux de cultures. «Des résultats originaux, solides, avec une méthodologie robuste», a commenté enthousiaste le Pr Jean-Michel Dubernard (Haute Autorité de santé).

Le cas de cette quadragénaire n'est toutefois pas isolé. Depuis 2007, l'équipe lyonnaise a opéré 26 patients en utilisant la même procédure. Il s'agissait de personnes dont la cornée des deux yeux était très abîmée et sujette à des ulcères douloureux en raison d'accidents (brûlures thermiques ou caustiques par de la soude ou de l'eau de javel par exemple), d'infections ou de maladies rares. Des pathologies qui toucheraient une cinquantaine de français chaque année.










Schématiquement, la surface d'un œil est formée d'une couche de cellules opaques (qui empêchent la lumière de passer), le blanc de l'œil ou conjonctive, interrompue en son centre par une couche de cellules transparentes, la cornée, qui forme comme un verre de montre. Entre ces deux zones, se trouvent une frontière cruciale, le limbe. Grâce à sa richesse en cellules souches, le limbe permet le renouvellement cellulaire, et surtout empêche les cellules opaques de la conjonctive d'envahir la zone transparente de la cornée. Lorsque ce limbe est détruit par accident, la cornée s'obscurcit. «C'est frustrant de penser que derrière la cornée malade il y a un œil sain», détaille le Pr Burillon.

Des résultats spectaculaires

D'où l'idée de traiter directement la cornée en greffant dessus des cellules cultivées. L'intervention se fait en plusieurs étapes. D'abord, on prélève des cellules dans la bouche des patients, environ 1 cm², sous anesthésie locale. Ces cellules sont ensuite mises en culture pendant quelques semaines sur un film en polymère thermolabile, l'UpCell-Insert fabriqué par une firme japonaise. Particularité de ce support, il libérera facilement la couche cellulaire cultivée à sa surface lorsqu'on le mettra en contact avec la cornée grâce à la basse température (20-22 °C) de cette dernière: «L'adhésion se fait spontanément comme si on avait mis de la colle forte sur la cornée», explique le Pr Burillon.

Grâce à cette autogreffe, si l'on excepte deux échecs (inflammation grave) et un patient dont les médecins sont restés sans nouvelles les résultats sont spectaculaires pour les autres: 22 sur 23 ont noté une amélioration de leur qualité de vie. Parmi les malades qui avaient au départ une vision basse, 11 sur 14 ont vu leur acuité visuelle nettement améliorée. Plus impressionnants encore, six des neufs patients initialement presque aveugles ont connu la même amélioration: en plus de l'autogreffe, ils ont dû bénéficier d'une greffe de cornée du fait d'une atteinte profonde, alors que les autres souffraient de lésions plus superficielles.

Pour le Dr François Malbrel (ophtalmologue à Lille), les avantages de la greffe autologue pour ces patients sont évidents: «On évite les rejets, on dispose d'un capital cellulaire à greffer conséquent, on évite d'affaiblir l'œil sain en cas d'atteinte unilatérale et enfin il n'existe pas de problème éthique tel que ceux rencontrés avec les cellules souches embryonnaires. De plus, cela permet dans la plupart des cas de guérir la pathologie cornéenne en rétablissant sa transparence et de ne pas devoir réaliser une greffe de cornée avec trois ans de recul.»

Fort de ses résultats, l'équipe lyonnaise espère obtenir d'ici à la fin 2012 une autorisation spéciale (ATU) pour poursuivre ses essais et lancer bientôt une étude européenne.


Source : Lefigaro.fr












lundi 7 mai 2012

Implant rétinien : deux Britanniques retrouvent partiellement la vue



Lors d’un essai clinique international, les deux premiers patients britanniques devenus aveugles suite à une rétinite pigmentaire ont reçu un implant rétinien qui restaure, très partiellement, la vision. Les résultats ne sont pas officiellement publiés mais après plus de six années de recul, les scientifiques semblent optimistes concernant l’efficacité du procédé.

Cela fait plus de six ans que l’entreprise allemande Retina Implant teste son matériel sur l’Homme. Il s’agit d’une micropuce qu’il faut placer sous la rétine, la région de l’œil qui capte et transforme la lumière en images, afin de restaurer la vision chez des personnes aveugles. Une première publication, parue en novembre 2010 dans la revue Proceedings of the Royal Society B, expliquait que l’implant était plus efficace lorsqu’il était placé au niveau de la macula, là où l’on voit le mieux.

Depuis, la majorité des patients atteints de rétinite pigmentaire (une maladie qui détruit progressivement les cellules rétiniennes jusqu’à la cécité) qui ont été traités avec cette micropuce recouvrent très partiellement la vision, devenant capables de distinguer des contrastes nets (une assiette blanche sur une nappe noire par exemple) et de reconnaître quelques objets usuels. Le Finlandais Miikka Terho, l’un des premiers à avoir reçu l’implant, impressionne même les scientifiques en parvenant à distinguer certaines couleurs, alors qu’il est censé voir en noir et blanc.

Rétine artificielle : les patients anglais

Désormais, l’essai clinique s’élargit et débarque au Royaume-Uni. Douze nouveaux non-voyants devraient en tout bénéficier de la rétine artificielle. Pour le moment, seuls deux d’entre eux ont subi l’opération, longue de huit heures, à la mi-avril. Les résultats sont déjà prometteurs.


Ce schéma explique brièvement le fonctionnement de la puce. La lumière est focalisée par la cornée et le cristallin vers la micropuce implantée juste sous la rétine. Les 1.500 électrodes transforment l'information lumineuse en signal électrique transmis jusqu'au cerveau. © Idé
Chris James, 51 ans, était devenu aveugle de l’œil gauche, son œil droit ne pouvant que simplement différencier l’ombre de la lumière. Dès l'activation de l’implant, il a pu mieux percevoir la lumière et distinguer les contours de certains objets. Il a aussi pu avoir un aperçu visuel de sa femme, épousée il y a sept ans alors qu’il était déjà aveugle. Pour Robin Millar, le procédé a provoqué chez lui une petite révolution : « J’ai rêvé en couleur pour la première fois depuis vingt-cinq ans, donc une partie de mon cerveau qui était jusque-là endormie s’est réveillée ! »

La vision pourrait s’améliorer avec le temps

La micropuce mesure 3 mm de côté, et se compose de 1.520 électrodes, ou microphotodiodes, qui captent la lumière, comme le font normalement les cellules en cônes et en bâtonnets, et la transforment en un signal électrique proportionnel à l’intensité lumineuse. L’information est transmise via le nerf optique, toujours fonctionnel bien qu’il n’ait plus été réellement sollicité depuis des années, jusqu’au cerveau, qui va alors recréer une image.

Tim Jackson, chirurgien de l’œil au King’s College de Londres, impliqué dans ce travail, précise que les patients ne retrouveront pas leur vision d’antan, mais mieux percevoir leur environnement, ce qui devrait malgré tout grandement améliorer leur quotidien. Les chercheurs espèrent que l’acuité visuelle s’améliorera au fur et à mesure, car le cerveau doit réapprendre à voir, et il faut laisser le temps aux processus cérébraux de se perfectionner.

Cette rétine artificielle constitue un espoir pour les personnes atteintes de rétinite pigmentaire (un Européen sur 4.000), mais aussi de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), la première cause de cécité chez les personnes âgées, affectant 25 % des séniors de plus de 65 ans

Source ; Futura santé

jeudi 3 mai 2012

Des chirurgiens extraient le rein d'une patiente en le sortant par son vagin





Baltimore, États-Unis – Une femme se fait enlever un rein par le vagin, pour qu'il soit transplanté à sa nièce malade.

C’est une nouvelle technique d’ablation des reins testée à Baltimore sur Kimberly Johnson. Cette dernière avait souhaité donner son rein à sa nièce qui était souffrante et avait besoin d’une transplantation.

L’opération est certes exceptionnelle mais les membres du corps médical entendent vivement l’encourager car elle est moins douloureuse et permet au donneur de se rétablir plus rapidement.
 Le docteur Anthony Kalloo est l’un des pionniers de la méthode de l’ablation des organes via des voies naturelles. La technique n’est pas nouvelle : pas moins de 300 opérations dans le monde ont été pratiquées grâce à cette méthode mais elles concernaient généralement l’ablation d’appendices ou de vésicules biliaires retirés par la bouche. Cependant, extraire un rein par le vagin est peu courant et c’est sans doute la première fois que l’opération a lieu.

L’opération a été une réussite et de tels dons sont vivement encouragés. Néanmoins, certains praticiens entendent mettre en garde les patients sur les risques encourus. Le docteur Jihad Kaouk interrogé sur la question a affirmé qu’il y avait un risque d’infection de l’organe traversant une zone qui peut être contaminée pour le receveur. Dans le cas de Mme Johnson, un sac en plastique avait été placé dans sa cavité abdominale afin de prévenir d’éventuelles contaminations de l’organe.

mardi 1 mai 2012

Deux groupes sanguins viennent d’être découverts : Junior et Langereis

Parmi la trentaine de groupes sanguins qui existent, deux petits nouveaux viennent d’intégrer la liste. Nommés Junior et Langereis, ils concerneraient peu de gens mais pourraient expliquer quelques-unes des difficultés consécutives à des transfusions sanguines, le rejet de certaines greffes ainsi que des incompatibilités entre une mère et son enfant à naître.

Un groupe sanguin consiste en une classification du sang en fonction de l’absence ou de la présence de substances antigéniques à la surface des globules rouges, c'est-à-dire des molécules qui peuvent être reconnues par les anticorps du système immunitaire. Le plus célèbre d’entre tous est le système ABO, devant le système rhésus. La Société internationale de transfusion sanguine dénombre aujourd’hui très précisément 29 groupes sanguins différents, qu’on ignore bien souvent.

Il faudra en ajouter deux petits nouveaux, découverts très récemment par une collaboration internationale de chercheurs, dont de nombreux scientifiques français de l’Institut national de la transfusion sanguine. Révélés dans la revue Nature Genetics, ils se nomment Junior et Langereis.

À l’origine de ces nouveaux groupes, deux protéines nommées ABCB6 et ABCG2, appartenant au vaste ensemble des transporteurs ABC (ATP-binding cassette), dont le rôle est de faire traverser la membrane plasmique à un certain nombre de substances. Ces deux molécules sont également en ligne de mire dans la résistance aux traitements contre le cancer.

Les protéines ont dans un premier temps été purifiées, puis identifiées. Les chercheurs ont utilisé les antigènes des deux groupes et ont pu constater que certains échantillons de sang dont ils disposaient présentaient les anticorps spécifiques. Cette réaction immunitaire révèle donc la présence de deux nouveaux groupes sanguins, puisqu’il y a discrimination des cellules du sang. Des mutations dans les gènes concernés ont même été retrouvées.


Le système ABO est le groupe sanguin le plus connu. Comme on peut le voir sur ce tableau, en fonction de son groupe sanguin on présente ou non des antigènes, ce qui définit en retour la présence de certains anticorps spécifiques. Ainsi, il est important lors d’une transfusion d’injecter du sang qui ne sera pas rejeté par le receveur. Il en va en réalité de même pour tous les groupes sanguins définis : le système rhésus, le sytème Kell, le système Langereis, le système Junior et tous les autres… © historicair, Wikipédia, DP

Deux nouveaux groupes sanguins, plus de transfusions réussies

Les problèmes associés à ces groupes sanguins sont très rares, mais il existe malgré tout quelques populations à risque, parmi lesquelles une partie de la population japonaise et les Gitans d’Europe. Pour ces personnes, le danger est que certaines greffes ou transfusions pourraient ne pas prendre, ou qu'une incompatibilité apparaisse entre une mère et son fœtus.

Les rejets de greffe ou de sang dépendent de la réaction immunitaire de l’organisme puisque, pour se protéger, celui-ci cherche à distinguer les éléments qui le constituent de ceux qui composent des agresseurs extérieurs, dont il va chercher à se débarrasser. Certains rejets restent encore inexpliqués, et les auteurs de l’étude pensent que ces protéines pourraient parfois être les coupables.

Prenons l’exemple d’un patient Langereis négatif. Cela signifie que ses cellules sanguines ne présentent pas la protéine ABCB6 à leur surface. L’organisme peut alors fabriquer des anticorps visant spécifiquement cette protéine, puisqu’elle n’est pas associée aux molécules présentes naturellement dans le corps. Ainsi, lors d’une transfusion avec du sang Langereis positif, le système immunitaire va percevoir ce sang injecté comme étranger, et les cellules qu’il contient vont être détruites.

Après cette découverte, les chercheurs ne comptent pas en rester là et vont tenter de trouver de nouveaux groupes sanguins. Ils estiment qu’il en reste dix ou quinze qui n'ont pas encore été identifiés. S’ils viennent d’en révéler deux simultanément, le dernier mis au jour datait d’une petite dizaine d’années. L’entreprise dans laquelle ils se lancent risque donc de les occuper durant un long moment encore…