mardi 23 août 2011

Arrêt cardiaque : des liquides riches en fluor pourraient permettre de protéger les organes vitaux

               En perfusant les poumons par un soluté à forte teneur en oxygène, on réalise une « ventilation liquide », et on peut aussi abaisser rapidement la température corporelle. Le système expérimental tenté sur le petit animal, est intéressant pour traiter l’arrêt cardiaque.
De nombreuses études ont démontré l’importance d’une mise en hypothermie après un arrêt cardiaque, ce qui permet d’améliorer la survie et de limiter les séquelles neurologiques. Chez le petit animal, on a montré que le bénéfice apporté dépend de la vitesse à laquelle l’hypothermie est instaurée.

Alain Berdeaux, Renaud Tissier et coll. (INSERM 955, hôpital Henri-Mondor, en collaboration avec l’École vétérinaire d’Alfort) démontrent l’efficacité d’un dispositif novateur permettant de faire face à cette exigence de rapidité.

Cette équipe de recherche a développé chez le petit animal (modèle d’arrêt cardiaque chez le lapin) un système expérimental qui consiste, après ressuscitation cardiopulmonaire, à perfuser les poumons de liquides riches en oxygène, et à une température inférieure à celle du corps. Ils apportent de cette façon une « ventilation liquide », et un abaissement très rapide de la température corporelle. Le liquide administré dans les poumons est riche en perfluorocarbone, dont la teneur en oxygène est assez élevée pour que les poumons continuent à fonctionner. Et, pour abaisser la température corporelle à 32 °C, ce qui crée les conditions favorables à la préservation du cœur, du cerveau et des autres organes vitaux, il ne faut que 5 à 15 minutes chez les petits animaux, quand il en faut environ 45 en appliquant des substances très froides sur la peau.

Chez les animaux soumis à l’expérience, la survie et la qualité des tissus cérébraux et cardiaques ont été considérablement améliorés après un arrêt cardiaque de 5 à 10 minutes. Les dégâts histologiques dus au manque d’oxygène dans le cerveau sont réduits. La nécrose myocardique est également limitée. Une amélioration « très supérieure à celle obtenue avec d’autres stratégies permettant d’induire une hypothermie plus lente, renforçant à nouveau l’idée qu’il est essentiel d’agir vite après la réanimation cardio-pulmonaire », explique Renaud Tissier.