vendredi 5 août 2011

Détecter un cancer sera peut-être possible par une simple analyse de sang ou d'urine

En effet, des biologistes du CNRS, de l'Inserm et des universités Paris Descartes et de Strasbourg viennent de mettre au point une technique capable de déceler les infimes traces d'ADN tumoral présentes dans les fluides biologiques de patients atteints d'un cancer. La méthode consiste à réaliser des analyses moléculaires ultra-sensibles dans des gouttelettes microscopiques. Testée avec succès sur des gènes impliqués dans différents cancers dont le cancer du colon ou la leucémie, elle a le potentiel pour devenir une aide majeure pour les oncologues dans l'établissement du diagnostic comme dans l'élaboration du traitement. Une étude clinique est d'ores et déjà envisagée pour évaluer cette méthode. Ces travaux viennent d'être publiés sur le site de la revue Lab on a chip.
Lorsque les cellules tumorales meurent, elles déversent leur contenu dans le milieu extracellulaire. Ce contenu, en particulier l'ADN des cellules, se retrouve ensuite dans les liquides biologiques du patient : le sang, la lymphe, l'urine... Comme le développement de la plupart des cancers fait intervenir des facteurs génétiques, une simple analyse de sang ou d'urine pourrait en théorie révéler la présence d'ADN tumoral et donc d'un cancer. Et ce, dès la mort des premières cellules cancéreuses, donc à un stade très précoce.
Malgré ces belles promesses, il y a un hic qui explique pourquoi les médecins ne peuvent encore traquer les cancers dans les fluides biologiques : l'ADN tumoral n'y est présent qu'à l'état de traces. Dans le sang, par exemple, il représente moins de 0,01% de tout l'ADN qui s'y trouve sous forme diluée. Or les méthodes d'analyse classiques d'ADN ne sont pas assez sensibles pour détecter de si faibles quantités. C'est tout l'intérêt de la technique qu'ont développée des chercheurs du CNRS, de l'Inserm, de l'université de Strasbourg et de l'université Paris Descartes, en collaboration avec une équipe allemande du Max Planck institute (Gottingen) et une société américaine (Raindance Technologies). Déceler des seuils d'ADN 20.000 fois inférieurs à ce qui se faisait avant en clinique, telle est la prouesse réalisée par cette technique.