On dénombre environ 1% de schizophrènes sur l’ensemble de la population mondiale. Cette maladie mentale aujourd’hui incurable fait l’objet de nombreuses recherches mais les scientifiques sont confrontés à plusieurs difficultés et notamment celle de tester sur les patients les nouveaux médicaments mis au point. En effet, pour évaluer l'efficacité des traitements les chercheurs doivent souvent effectuer des opérations invasives afin de voir comment réagit le cerveau des schizophrènes.
Pour solutionner cet épineux problème, des chercheurs brésiliens, coordonnés par Stevens Rehen, ont réussi une première mondiale en reprogrammant des cellules de peau de patients schizophrènes et en les transformant en neurones. "Nous avons utilisé une biopsie de peau (de la nuque) d'une patiente schizophrène, avons reprogrammé ces cellules et les avons transformées en neurones", a expliqué Stevens Rehen peu avant de présenter sa recherche à l'Académie brésilienne des Sciences à Rio de Janeiro. Pour cela, le chercheur et son équipe ont utilisé un virus contenant les gênes spécifiques de cellules embryonnaires qui a permis de convertir les cellules cutanées en neurones en moins de 40 jours, rapporte l'AFP.
Du matériel cérébral pour tester les traitements
Dans leur étude bientôt publiée dans la revue Cell Transplantation, les chercheurs indiquent alors que ce nouvel outil offre un accès à un matériel de cerveau et permet donc d'éviter d'ouvrir la tête du patient. Désormais, "nous pourrons tester des centaines de traitements pour les troubles mentaux en même temps. Cela facilitera la possibilité d'identification de nouveaux médicaments", a souligné le chercheur de l'Université fédérale de Rio (UFRJ).
En outre, ces travaux ont permis d'identifier une anomalie dans le métabolisme des cellules de patients atteints de schizophrénie. Stevens Rehen note ainsi : "Il y a trois recherches dans le monde sur ce sujet, mais la nôtre est la première qui ait réussi à reconvertir une marque biochimique [une caractéristique de cellule qui n'apparaît que chez les schizophrènes] d'une cellule", a précisé le scientifique.