Rien ne permet de guérir en ce moment les leucodystrophies, un groupe de maladies neurodégénératives héréditaires qui affectent en particulier la substance blanche du cerveau. Cette dernière isole les axones, ce prolongement des neurones permettant la bonne transmission de l’influx nerveux. Nombre d’enfants atteints d’une leucodystrophie semblent normaux à la naissance et manifestent peu ou aucun signe qu’ils en sont atteints. Des symptômes comme de la difficulté à marcher, des chutes ou des tremblements apparaissent graduellement. Avec les années, les sujets perdent leur mobilité, la parole et la capacité de s’alimenter; à l’adolescence, il arrive souvent qu’ils utilisent un fauteuil roulant ou soient cloués au lit. La majorité des patients meurent prématurément. L’évolution et les symptômes varient selon le type de leucodystrophie. On estime que de 30 % à 40 % au moins des personnes ayant une leucodystrophie restent sans diagnostic précis malgré des examens approfondis.
Les chercheurs de Montréal ont trouvé les premières mutations du gène POLR3A chez des familles du Québec. Par la suite des mutations du même gène ont été identifiées chez des malades aux É.-U., en Syrie, au Guatemala, en France et d’autres pays européens. L’équipe internationale, dirigée par les Drs Bernard Brais et Geneviève Bernard, comptait des scientifiques de Montréal, de Washington D.C., de Dallas, de Beyrouth, de Paris, de Clermont-Ferrand et de Bordeaux. Le groupe a pu démontrer que des mutations du même gène POLR3A localisé sur le chromosome 10 sont responsables de trois formes cliniquement différentes de leucodystrophies : le syndrome de tremblements-ataxie et hypomyélinisation centrale (TAHC), décrit chez des sujets du Québec, la leucodystrophie avec oligodontie (LO), et le syndrome 4H pour hypomyélinisation, hypodontie et hypogonadisme hypogonadotropique.
« Nous avons trouvé différentes mutations du gène POLR3A qui code pour une sous-unité clé de l’ARN polymérase III (Pol III), un complexe protéique très conservé à travers les espèces dont le rôle est crucial dans l’expression génique, et maintes autres voies importantes », explique Dr Brais. « Cette découverte est étonnante, étant donné le rôle essentiel de Pol III pour toutes les cellules. Elle est également encourageante, car si nous parvenons à trouver quelles cibles de Pol III engendrent la maladie lorsqu’elles sont diminuées, nous pourrons développer des stratégies thérapeutiques pour les remplacer ». La recherche a été menée au laboratoire du Dr Brais au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM). Dr Brais est maintenant clinicien-chercheur à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, le Neuro de l’Université McGill, et Dre Geneviève Bernard a récemment été recrutée comme clinicienne-chercheuse à l’Hôpital de Montréal pour enfants, du Centre universitaire de santé McGill.
source: http://francais.mni.mcgill.ca