jeudi 15 septembre 2011

Une nouvelle stratégie pour traiter le lupus

Dans la dernière édition du Journal Of Immunology des chercheurs espagnols proposent une nouvelle stratégie de traitement du lupus qui consiste à inhiber une enzyme (PI3Kδ) favorisant la survie des cellules. La particularité de cette voie thérapeutique est qu'elle n'affecte pas la réponse immunitaire et permettrait ainsi d'améliorer la qualité de vie des patients.

Le système immunitaire produit normalement des protéines appelées anticorps pour protéger l'organisme contre les virus, les bactéries et autres molécules étrangères. Lors d'une maladie auto-immune comme le lupus, le système immunitaire perd sa capacité à faire la différence entre les molécules étrangères au corps et ses propres tissus et cellules. Le système immunitaire produit ainsi des anticorps contre lui-même. Le lupus érythémateux systémique est une maladie inflammatoire chronique pour laquelle il n'existe pas de remède : les traitements actuels permettent seulement d'en contrôler les symptômes, souvent des immunodépresseurs dont les effets secondaires affectent la qualité de vie des patients.
Lymphocyte avec enzyme de survie activée (en vert) 
Crédits : Abel Suarez-Fueyo, Domingo F. Barber, Jorge Martinez-Ara, Antonio C. Zea-Mendoza etAna C. Carrera 

Le Centre National de Biotechnologie (CNB) du CSIC (équivalent du CNRS français) a collaboré avec les hôpitaux universitaire madrilènes La Paz et Ramon y Cajal afin d'étudier le comportement des globules blancs prélevés sur des donneurs volontaires. Ces travaux ont par ailleurs été soutenus par le Ministère de la Science et de l'Innovation espagnol (MICINN). Les scientifiques du CNB ont tout d'abord pu observer chez les patients lupiques une concentration majeure de lymphocytes s'attaquant aux tissus et aux cellules du propre sujet. Le second résultat concerne particulièrement les lymphocytes T, chez lesquels l'activité d'une enzyme favorisant la survie cellulaire est augmentée pour les patients atteints de lupus. La phosphoinositide 3-kinase delta (PI3Kδ) présente notamment une suractivité marquée lors des phases actives de la maladie.

Après une culture en laboratoire, les scientifiques ont tenté d'inhiber cette enzyme pour les lymphocytes T chez lesquels elle est suractivée. En diminuant l'activité de PI3Kδ par voie pharmacologique, ils ont obtenu un retour à la normale de l'activité des lymphocytes T, et ce sans affecter la réponse immunitaire. Ces résultats prometteurs indiquent donc qu'une inhibition chimique de l'enzyme PI3Kδ peut constituer un traitement efficace aux effets secondaires maitrisés pour lutter contre le lupus érythémateux systémique.
Sources :
- Plateforme SINC, article du 19 août 2011
- Lupus Foundation of America, "Feuille d'Information"