dimanche 31 juillet 2011

Un lien entre perte de masse osseuse et risque coronaire sous trithérapie

Rome, Italie —La réduction de la masse osseuse fémorale détectée par ostéodensitométrie (ODM) pourrait témoigner d'un niveau de risque cardio-vasculaire élevé chez les patients infectés par le VIH sous trithérapie, selon une étude présenté par le Dr Giovanni Guaraldi (Université de Modène, Italie) à l'occasion du la conférence de l'International AIDS Society (IAS 2011) à Rome.

Entre 2006 et 2010, l'étude a inclus 812 patients consécutifs sous trithérapie. Il s'agissait principalement d'hommes avec une moyenne d'âge de 40 ans. Tous ont bénéficié d'une ODM vertébrale et fémorale ainsi que d'une mesure de la charge calcique coronaire par coroscanner.
Un rationnel basé sur des hypothèses croisées
Les investigateurs avaient fondé leur étude sur des hypothèses croisées :
-Il est désormais acquis que les affections cardio-vasculaires et les fractures ostéoporotiques augmentent de façon nette chez les patients sous trithérapie.
-Par ailleurs, des données recueillies sur des femmes ostéoporotiques montrent que leur risque cardio-vasculaire est augmenté.
-Enfin, il semblerait que ces deux phénomènes aient en commun des substrats physiopathologiques et des facteurs de risque similaires : niveau bas de vitamine D circulante, majoration des facteurs de l'inflammation…
Au moment de l'inclusion dans l'étude, aucun des patients (90 % d'hommes) n'avait présenté de pathologies cardio-vasculaire ni de fracture pathologique.
Le scanner initial a permis d'individualiser deux groupes de patient en fonction du score de calcifications coronariennes, > ou < 100 unités Agatston. Sans surprise, un score de calcification plus élevé a été retrouvé chez les patients qui présentaient des facteurs de risque cardio-vasculaire habituels : âge, sexe masculin, insuffisance rénale, diabète, hypertension, IMC élevé.
L'ODM à l'inclusion a détecté des patients à plus fort risque de fracture (en dessous du 25e percentile).
« La prévalence d'une majoration du score de calcifications coronariennes était plus élevée chez les patients dont la densité minérale osseuse au niveau de fémur était basse (22,6 contre 14,26 %). En revanche, la densité minérale osseuse vertébrale était identique dans les deux groupes (16 contre 15 %) », analyse le Dr Guaraldi.
Un ensemble d'analyses statistiques prenant en compte le petit nombre d'évènements dans la série (bootstrap analysis) a ensuite été effectué pour déterminer la conjonction des facteurs qui majorent à la fois le risque osseux et cardio-vasculaire. Il en ressort que, bien avant l'âge, le sexe, la fonction rénale et le taux circulant de vitamine D (OR= 1,73), les facteurs les plus déterminants sont l'IMC, l'existence d'un diabète, le score de Framingham (OR= 2,01) ainsi que le nombre des CD4, la charge virale et un antécédent de traitement par ténofovir (OR= 2,33).
Après ajustement pour l'âge, les facteurs de risque cardio-vasculaires habituels et les facteurs de risques liés à l'infection par le VIH, les patients qui présentaient le plus de calcifications coronariennes présentaient un risque deux fois plus important d'ostéoporose franche (inférieure au 25e percentile) au niveau fémoral.
Parmi les hypothèses avancées par le Dr Guaraldi pour expliquer le seul lien entre calcifications coronariennes et perte de la densité minérale osseuse au niveau de la tête fémorale et non au niveau vertébral, il retient surtout la prédominance d'hommes dans sa cohorte et un taux moyen assez bas de vitamine D circulante, deux facteurs connus pour majorer plus spécifiquement la perte osseuse au niveau des os longs.
Pour le Dr Guaraldi, « l'adhésion à des mesures hygiéno-diététiques simples - sport, alimentation variée, arrêt du tabac - pourrait permettre de lutter conjointement contre les pathologies coronariennes et ostéoporotiques chez les patients de sexe masculin sous trithérapie ».