dimanche 31 juillet 2011

Nouveaux biomarqueurs potentiels de la maladie d'Alzheimer

ParisFrance- Trouver des biomarqueurs de la maladie d'Alzheimer est l'un des grands défis de la recherche sur la maladie d'Alzheimer. Idéalement, ces marqueurs devraient, primo, permettre un dépistage précoce de la maladie d'Alzheimer, avant même que n'apparaissent des symptômes de déclin cognitif. Cet objectif est d'autant plus important que les traitements futurs dits «disease-modifying » sont susceptibles d'agir sur l'évolution même de la maladie. Deusio, la mise en évidence de ces biomarqueurs devrait être plus simple, moins coûteuse et moins invasive que les méthodes d'examen actuelles des fonctions cognitives par imagerie.

Dans la mesure où des études antérieures ont montré que des anomalies des protéines bêta-amyloïde et Tau étaient associées à la maladie d'Alzheimer, avant l'apparition des troubles de la cognition, deux équipes distinctes ont cherché à mettre en évidence des biomarqueurs de la maladie, soit dans le sang pour l'une d'elle, soit dans le liquide céphalo-rachidien pour l'autre. Les résultats selon les nouvelles recherches ont été présentées à l'occasion de l'Alzheimer's Association International Conference 2011 (AAIC 2011) qui se tient à Paris.

Des marqueurs sanguins spécifiques à 85 % de la maladie

L'un des objectifs déclarés de l'étude Australian Imaging, Biomarker and Lifestyle (AIBL) est de trouver un test de pronostic pour la maladie d'Alzheimer, plus facilement accessible et rentable que l'imagerie par TEP scan, trop coûteuse et peu réalisable à grande échelle, et moins invasif que la ponction lombaire.
Samantha Burnham, de CSIRO, Perth (Australie) et ses collègues d'AIBL ont donc cherché une alternative plus économique basée sur un test sanguin. Pour cela, ils ont suivi au fil du temps, les paramètres chimiques du sang, la capacité cognitive et les facteurs de style de vie de 768 personnes âgées saines, 133 personnes atteintes de troubles légers de la cognition (TLC) et 211 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Ils ont également réalisé des tests génétiques et des clichés de neuroimagerie sur les 288 participants à l'étude.
Les chercheurs ont trouvé que les dosages de certaines protéines et hormones du sang étaient corrélées avec la quantité de protéines amyloïdes déposées dans le cerveau. Plus spécifiquement, ils ont créé un modèle utilisant neuf marqueurs du sang (y compris Aβ1-42, ApoE et cortisol) pour estimer la quantité de plaques séniles dans le cerveau. Cette estimation, avec une sensibilité de 83 % et une spécificité de 85 %, permet de définir si une personne présente un taux de protéines amyloïdes anormalement élevé dans le cerveau, indiquant un risque accru de survenue de maladie d'Alzheimer.
« Ce modèle, s'il est entièrement validé, pourrait fournir un critère d'évaluation des traitements médicamenteux et des stratégies d'intervention ciblant le style de vie », a déclaré Samantha Burnham. « Il pourrait aussi conduire à un dépistage efficace et économique indiquant si un individu se trouve dans les premières étapes de la maladie ou s'il court un risque de développer la maladie d'Alzheimer et justifie la réalisation d'autres examens, par exemple le TEP scan.

Biomarqueurs du LCR prédictifs à 10 ans

Des travaux antérieures ont montré que les protéines anormales liées à la maladie d'Alzheimer présentes dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) tel l'Aβ42, les protéines tau total et tau phosphorylés, peuvent permettre d'identifier précisément les troubles légers de la cognition (TLC) liés à la maladie d'Alzheimer jusqu'à dix ans avant leur conversion en démence de type Alzheimer. « Comment ces marqueurs deviennent positifs ? » s'est interrogé le Dr Henrik Zetterberg, du Department of Psychiatry and NeurochemistryUniversity of Gothenburg, Suède.
Afin de mieux comprendre cette question, Henrik Zetterberg et ses collègues ont réalisé une ponction lombaire sur 137 personnes atteintes de TLC et les ont suivies cliniquement pendant plus de 9 ans. Pendant ce temps, 54 % des sujets ont développé la maladie d'Alzheimer et 16 % d'entre elles ont développé d'autres formes de démence.
Les taux d'Aβ42 dans le LCR à l'inclusion étaient réduits, ceux de tau total étaient réduits et de phospho-tau étaient élevés chez les patients ayant développé la maladie d'Alzheimer pendant la période de suivi, par rapport à ceux qui ne l'avaient pas développée (p<0,0001).
Les taux d'Aβ42 dans le LCR étaient aussi réduits à l'inclusion chez les patients atteints de TLC ayant développé la maladie d'Alzheimer dans les 0 à 5 ans qui suivaient par rapport à ceux ayant développé la maladie plus tardivement (5 à 10 ans après). Cependant, les taux de tau total et de phospho-tau étaient significativement plus élevés chez les personnes ayant développé la maladie précocement que chez celles ayant développé la maladie plus tardivement.
Un rapport Aβ42/phospho-tau permettait de prédire le développement de la MA dans les 9,2 années suivantes avec une sensibilité de 88 %, une spécificité de 90 %, une valeur prédictive positive de 91 % et une valeur prédictive négative de 86 %.
« Dans cette étude, nous montrons qu'environ 90 % des patients atteints de TLC avec des taux de biomarqueurs spécifiques à l'inclusion développeraient la maladie d'Alzheimer dans les 9 à 10 années suivantes », a déclaré M. Zetterberg dans de la conférence de presse du congrès. « Nos résultats laissent à penser que le profil de biomarqueur est fortement prédictif ».
« Nous avons aussi trouvé que l'Aβ42 dans le LCR est un biomarqueur plus précoce que les protéines tau du LCR. Des taux élevés de protéines tau dans le LCR indiquent un processus neurodégénératif intense et prédisent une progression rapide vers la démence. Ces biomarqueurs peuvent s'avérer utiles pour sélectionner des patients en vue d'une intégration précoce dans des études cliniques et pour identifier et suivre les effets des traitements », a ajouté le Dr Zetterberg