Deux semaines seulement après sa naissance, les parents de Iyaad commencèrent à s'inquiéter. L'enfant présentait des signes de jaunisse et des grognements étranges. Rapidement, les médecins diagnostiquent une défaillance dufoie due à un virus (Herpes simplex). Une infection extrêmement rare mais très grave et souvent mortelle chez le nourrisson, faute d'un traitement antiviral très précoce.
De fait, l'état du nourrisson se dégrade rapidement et sesreins cessent à leur tour de fonctionner. L'enfant est mis sous dialyse (rein artificiel) mais l'équipe du King's College Hospital de Londres, dirigée par le Pr Anil Dhawan, craint qu'il ne puisse attendre une transplantation de foie. Les Anglais décident alors de tenter un nouveau traitement : une greffe de cellules de foie par injection dans l'abdomen.
Pour minimiser le risque de réaction immunitaire, les chercheurs utilisent des cellules issues d'un foie de donneur enveloppées dans des petites perles protectrices de 0,5 mm en matériau biocompatible. Le foie ayant la particularité de pouvoir se régénérer dès lors qu'il n'est pas complètement détruit, l'état de santé de l'enfant s'améliore en quelques jours et ses organes reprennent une activité autonome.
Aujourd'hui, six mois après la greffe de cellules hépatiques, l'enfant a repris une vie normale. «Il ne présente pas de complications et a complètement récupéré», nous a confié le Pr Dhawan. Le risque principal était que le cerveau du nourrisson ait souffert lors de l'épisode d'insuffisance hépatique. Car la défaillance du foie peut s'accompagner d'une augmentation de la pression sanguine dans le cerveau et d'une souffrance cellulaire par un mécanisme appelé «encéphalopathie». Qui plus est, cette affection n'est pas toujours facile à repérer chez un nourrisson, ce qui explique que le diagnostic soit souvent trop tardif.
La procédure utilisée par les médecins britanniques pourra-t-elle devenir une alternative réelle à la transplantation en cas d'insuffisance hépatique sévère, tant chez l'enfant que chez l'adulte ? «Il se peut que l'équipe anglaise ait bénéficié de deux circonstances, explique le Pr Henri Bismuth (institut hépato-biliaire, hôpital Paul-Brousse, Villejuif). D'une part, il s'agissait d'un nouveau-né, donc la quantité de cellules nécessaires n'était pas trop importante. D'autre part, il se peut que l'enfant se soit trouvé juste au-dessous de la limite de survie et qu'il ait suffi d'un tout petit quelque chose pour le faire repasser au-dessus.»
Au-delà de la situation particulière du petit Lyaad, l'initiative de l'équipe anglaise pourrait avoir des débouchés bien au-delà de la seule insuffisance hépatique sévère néonatale, selon le patron de la transplantation au King's College Hospital, le Pr Nigel Heaton : «Cette technique signifie que nous sommes potentiellement capables d'explorer des alternatives à la transplantation hépatique pour des patients dont le foie commence à défaillir et pour qui une transplantation n'est pas toujours une option, ou lorsqu'aucun greffon n'est disponible.»
En attendant d'autres essais, cet exploit et l'intensité des travaux de recherche sur les procédés de suppléance hépatique ne doivent pas faire oublier que, pour l'instant, seul le don d'organe permet de répondre à des situations souvent désespérées.
Source:lefigaro
Aujourd'hui âgé de 8 mois, le petit Iyaad se porte bien (capture d'écran de la BBC). |