Le virus de la rougeole est un des pathogènes humains les plus contagieux et peut entraîner de graves complications, parfois mortelles. Il est transmis d’hôte à hôte principalement par voie aérienne (postillons, éternuements…). Ce phénomène est à l’origine de la propagation rapide de ce virus dans les populations à risque (non ou mal vaccinées) et interfère avec les programmes mondiaux de vaccination visant à l’éradiquer. Ainsi, on dénombre plus de 10 millions d’enfants malades et 120 000 décès par an dans le monde. La France est également confrontée à une épidémie de rougeole préoccupante. Alors qu’une quarantaine de cas seulement étaient déclarés chaque année en 2006 et 2007, on assiste, depuis 2008 à une nette augmentation (déjà 14 600 cas recensés depuis le début de l’année 2011) (1).
La découverte rapportée dans la revue Nature explique pourquoi ce virus se propage si rapidement. Les virus se servent généralement de récepteurs cellulaires pour initier et propager l’infection dans l’organisme. C’est le cas pour le virus de la rougeole qui infecte les cellules immunitaires présentes au niveau des poumons pour entrer et se propager dans l’organisme. L’étude montre, pour la première fois, comment le virus de la rougeole « sort » de son hôte en utilisant un autre récepteur (la nectine-4). La nectine-4 est spécifiquement localisée au niveau de la trachée, un site anatomique « privilégié » pour faciliter la contagion par voies aériennes.
Des perspectives intéressantes dans le domaine du traitement des cancers
La nectine-4 est un biomarqueur dans certains cancers comme le sein, l’ovaire et le poumon. Des thérapies utilisant une souche vaccinale modifiée du virus de la rougeole sont actuellement en cours de développement pour le traitement de certains cancers. En effet, ce virus se réplique préférentiellement dans les cellules cancéreuses et induit leur destruction. Ainsi, la prise en compte de la présence de ce biomarqueur dans les tumeurs est essentielle à l’amélioration de l’efficacité de ces thérapies innovantes.
Source
"Adherens junction protein nectin-4 is the epithelial receptor for measles virus"
Michael D. Mühlebach1, Mathieu Mateo2, Patrick L. Sinn3, Steffen Prüfer1, Katharina M. Uhlig1, Vincent H. J. Leonard2,Chanakha K. Navaratnarajah2, Marie Frenzke2, Xiao X. Wong4, Bevan Sawatsky4, Shyam Ramachandran3, Paul B. McCray Jr3, Klaus Cichutek1, Veronika von Messling4,5, Marc Lopez6 & Roberto Cattaneo2