La mucoviscidose est la plus fréquente des maladies rares génétiques. Les multiples perturbations, surtout respiratoires et digestives, engendrées par cette maladie, proviennent du mauvais fonctionnement ou de l'absence d'une protéine-canal assurant les échanges de chlore entre les cellules et le milieu extérieur. Elle survient seulement lorsque les 2 exemplaires du gène CFTR qui code pour ce canal sont mutés. Ce très long gène peut être l'objet de mutations très diverses, parmi lesquelles la mutation G551D, celle visée par ce nouveau traitement.
Cette mutation est responsable d'un dysfonctionnement de l'ouverture du canal CFTR. Le traitement évalué dans cet essai, l'ivacaftor ou VX-770 des laboratoires Vertex, est un médicament «potentiateur», qui permet de rendre plus fonctionnel le canal touché par cette mutation en le maintenant plus longtemps ouvert, et de rétablir ainsi des échanges chlore-sodium-eau corrects.
Lors de cet essai, 167 enfants de 12 ans ou plus, atteints de mucoviscidose et porteurs au moins d'une mutation G551D, ont reçu pendant 48 semaines soit de l'ivacaftor, soit un placebo. Après 24 semaines de traitement, la capacité respiratoire, diminuée par la maladie, était en moyenne supérieure de 10,6 % chez les enfants du groupe traité par le nouveau médicament. Cet effet bénéfique s'est maintenu jusqu'à 48 semaines, sans effets secondaires. Les enfants bénéficiant du traitement ont aussi fait deux fois moins d'épisodes d'exacerbation de la maladie, pris plus de poids, et leur qualité de vie s'est notablement améliorée. Leur suivi va se poursuivre encore un an.
Certes, le recul est encore faible, et l'ivacaftor ne concerne qu'une petite partie des enfants atteints de mucoviscidose, les 4 à 5 % qui sont porteurs d'au moins un exemplaire de la mutation G551D. «Mais ce traitement pourrait être élargi à des mutations apparentées où l'ouverture du canal chlore se fait mal, et donc bénéficier à d'autres malades. Un essai en ce sens va débuter en 2012», précise le Dr Munck. Et s'il n'agit pas sur la principale mutation du gène CFTR, la F508del, présente chez 70 % des malades, dans laquelle d'autres molécules «correctrices» sont en développement, «il est envisagé de coupler l'ivacaftor avec celles-ci pour améliorer leur efficacité en maintenant plus longtemps le canal ouvert ». Des études préalables sont déjà en cours, et un essai clinique devrait être lancé en 2013.
«Avec ces résultats, nous touchons aujourd'hui du doigt un traitement spécifique d'une mutation causale impliquée dans la mucoviscidose, avec un effet clinique durable sur l'amélioration de la fonction respiration, la diminution des surinfections, la prise de poids… On s'oriente vraiment maintenant vers des traitements potentiellement curateurs, spécifiques de ces mutations. Il est donc plus que jamais indispensable que les deux mutations du gène CFTR soient clairement identifiées pour chaque malade», insiste la pédiatre.
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