La prise en charge de l'infarctus a fait des progrès considérable au cours des vingt dernières années. Mais les personnes ayant souffert d'une attaque cardiaque, si elles survivent bien plus souvent qu'autrefois, sont menacées de souffrir à plus long terme d'uneinsuffisance cardiaque. La partie altérée du muscle cardiaque, ne fonctionne plus, le cœur se dilate afin que le fonctionnement de la pompe cardiaque reste optimal. En vain. Pour éviter ce risque de séquelle à long terme, des essais en thérapie cellulaire sont menés partout dans les pays riches. Lundi, des chercheurs publient ainsi dans la revue médicale britannique The Lancet les résultats positifs du premier essai à base de cellules souches cardiaques adultes dans le traitement de l'insuffisance cardiaque secondaire à des infarctus.
Un an après l'injection de leurs propres cellules, les patients ont eu en moyenne 12% d'amélioration de leur état, selon les professeurs Roberto Bolli (université de Louisville, Kentucky) et Piero Anversa (Harvard Medical School, Boston) et leurs collègues. Ce type de cellules n'avaient jamais été testées auparavant chez l'homme, soulignent les auteurs dont l'essai de phase 1 est présenté lundi également au congrès de l'American Heart Association organisé à Orlando, en Floride.
Des thérapies cellulaires à base de cellules souches adultes de moelle osseuse ont déjà été testées, mais avec des résultats mitigés. Le coeur adulte contient des cellules souches cardiaques capables de se reproduire et de former les trois lignées majeures de cellules cardiaques (myocytes, cellules musculaires lisses et endothéliales).
L'essai a porté sur 23 patients atteints d'insuffisance cardiaque sévère et ayant subi des pontages coronariens. Cette grave insuffisance se traduit par une fraction d'éjection ventriculaire gauche (FEVG) inférieure à 40%, la normale étant de de 50% ou plus.
Seize d'entre eux ont reçu un million de cellules cardiaques souches (CSC), quatre mois en moyenne après leurs pontages et sept autres (groupe contrôle) le traitement standard.
Chez 14 patients analysés, la FEVG est passée de 30,3% avant l'administration des cellules à 38,5% quatre mois après. Aucun changement n'a été enregistré dans le groupe contrôle.
Compte tenu de la qualité de l'étude et de l'ampleur inattendue des bénéfices obtenus, les résultats de cet essai «soulèvent un nouvel optimisme», commente le Pr Gerd Heusch (Allemagne) dans Lancet. Mais les promesses de cet essai devront être confirmées sur un plus grand nombre de patients, suivis plus longtemps.