Les recherches visant à développer des organes autoconstruits à des fins de transplantation apparaissent aujourd'hui prometteuses pour les décennies à venir (représentant un espoir pour les malades en attente de greffe). Elles concernent aujourd'hui le rein, le poumon, le cœur et le foie. Des avancées sont effectuées dans ce domaine même s'il est encore prématuré d'envisager la possibilité de greffes pour l'homme. L'équipe du Pr Uygun Korkut, de la Harvard Medical School, est ainsi parvenue en 2010 à greffer chez le rat un foie autoconstruit , le foie étant l'organe pour lequel la recherche est la plus encourageante.
Le Pr Dominique Franco, chef du service de chirurgie digestive et viscérale à l'hôpital Antoine Béclère de Clamart, explique que le principe consiste à utiliser "un foie décellularisé de donneur, c'est-à-dire un foie dont on a enlevé toutes les cellules hépatiques. On le fait en perfusant des détergents pas trop agressifs qui laisse intacte la trame vasculaire et la trame biliaire, mais aussi la matrice extra-cellulaire qui entoure normalement les cellules". Puis, "la deuxième étape de préparation du foie à transplanter est de le recoloniser avec des cellules du receveur". L'objectif de cette autoconstruction du foie est d'éviter un rejet du nouvel organe par l'organisme receveur. Pour se faire, la méthode idéale consisterait à réensemencer l'organe avec des hépatocytes (cellules du foie) sains obtenus à partir des propres cellules du malade. "On aurait alors un foie autoconstruit entièrement compatible", précise le Pr Franco.
Un certain nombre de problèmes techniques seront à résoudre avant de passer à la greffe chez l'homme mais les chercheurs estiment que la faisabilité d'une telle transplantation a été prouvée. Des applications thérapeutiques importantes pourraient selon eux être réalisées, avec la greffe de "mini-foie" . Pour le Pr Alejandro Soto-Gutierrez, qui travaille au centre des thérapies régénératives innovantes de l'université de Pittsburgh, cette technologie pourrait avoir un impact positif : "l'organe autoconstruit pourra être utilisé pour traiter les patients avec des maladies enzymatiques hépatiques congénitales, et peut-être permettre une recolonisation du foie du malade par des hépatocytes normaux". Dans l'avenir, la greffe d'un foie autoconstruit pourrait également suppléer, de façon temporaire, à une fonction hépatique déficiente, dans les cas d'insuffisance hépatique fulminante par exemple.
Enfin, selon le Pr. Philippe Ménasché, expert en thérapie cellulaire cardiaque à l'hôpital parisien Georges-Pompidou, si une autoreconstitution complète du cœur est difficilement envisageable, une autoreconstruction partielle (d'une valve cardiaque par exemple) pourrait s'avérer un progrès important.
Source:AFP