mardi 15 novembre 2011

Le risque d’obésité chez les enfants est en place dès la grossesse

Selon une étude récente de l'Université de Montréal publiée dans Archives of Pediatrics and Adolescent Medicine, le comportement de la mère pendant la grossesse permet de prédire quels enfants sont les plus susceptibles de devenir obèses. « Bien que le comportement soit difficile à modifier et qu'il soit également influencé par un réseau complexe de facteurs reliés à l'environnement, j'espère que ces découvertes aideront à améliorer les services sociaux et médicaux que nous offrons aux femmes enceintes et aux nouveau-nés », a déclaré l'auteure principale Laura Pryor, doctorante au Département de médecine sociale et préventive de l'Université. Ces découvertes surviennent au moment où la dernière génération de Québécois, comme celles d'autres sociétés, est aux prises avec une augmentation de cas d'obésité infantile.

Madame Pryor et l'équipe de recherche dirigée par Sylvana Côté ont analysé des données tirées de l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec qui s'est déroulée de 1998 à 2006. Le Québec est privilégié en ce sens qu'il peut offrir aux scientifiques ce genre de données, ce qui leur permet d'examiner comment une situation évolue au fil du temps. Les scientifiques qui étudient ce genre de phénomènes ailleurs dépendent souvent d'études transversales fondées sur des données recueillies à un moment précis à des fins particulières. L'équipe s'est intéressée à 1 957 enfants dont le poids et la taille avaient été mesurés chaque année, de l'âge de cinq mois à l'âge de huit ans. Ces renseignements ont permis à l'équipe d'examiner la progression de l'indice de masse corporelle (IMC) des enfants. L'IMC correspond au poids en kilogrammes divisé par la taille en mètres au carré. Les chercheurs ont identifié trois groupes de trajectoire : les enfants présentant un IMC peu élevé tout au long de l'enfance, les enfants présentant un IMC modéré, et ceux dont l'IMC est élevé et à forte augmentation.

« Nous avons découvert que les trajectoires des trois groupes se ressemblaient jusqu'à ce que les enfants soient âgés d'environ deux ans et demi », a déclaré madame Pryor. « À peu près à ce moment-là, les IMC du groupe à forte augmentation commençaient à s'élever. Au moment où ces enfants ont atteint 10? ans, plus de 50 pour cent d'entre eux étaient obèses, selon les critères internationaux ». Les chercheurs ont constatés qu'un enfant dont la mère faisait de l'embonpoint ou fumait pendant la grossesse était beaucoup plus susceptible de faire partie du groupe à forte augmentation de l'IMC. Ces deux facteurs étaient beaucoup plus importants que les autres critères étudiés, comme le poids de l'enfant à la naissance ou le niveau socioéconomique de la famille.

Les facteurs de risque identifiés ici ne représentent que des probabilités plus grandes de devenir obèse. Il faudra des essais randomisés pour vérifier si la réduction de l'obésité et du tabagisme pendant la grossesse réduit la probabilité de l'obésité des enfants. . « Notre étude ajoute aux données probantes voulant que l'environnement périnatal influence de manière importante l'obésité ultérieure », a déclaré madame Pryor. « Cela démontre la nécessité d'agir tôt auprès des familles à risque, de façon à prévenir le développement de problèmes de poids pendant l'enfance et la transmission d'un mauvais état de santé d'une génération à l'autre. »
MONTRÉAL, le 14 novembre 2011

À propos de cette étude

L'étude intitulée Les trajectoires de développement de l'indice de masse corporelle dans la petite enfance et leurs facteurs de risques a été réalisée par le Groupe de recherche sur l'inadaptation psychosociale chez l'enfant (GRIP) de l'Université de Montréal et du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine avec les données de l'Étude Longitudinale du Développement des Enfants du Québec (ÉLDEQ).La collecte et le traitement des données de l'ÉLDEQ a été réalisé par le GRIP et l'Institut de la statistique du Québec. L'étude était financée en partie par le Fonds pour la recherche en santé du Québec, l'Université de Montréal, le Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, les Instituts de recherche en santé du Canada, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, le ministère de la Famille et des Aînés du Québec, la Fondation Lucie et André Chagnon, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le Fonds de la recherche en société et culture du Québec et le programme des Chaires de recherche du Canada