vendredi 2 mars 2012

Les antibiotiques postopératoires dans l’appendicite non perforée sont à tout le moins inutiles

L’appendicite aiguë (AA) demeure l’urgence la plus fréquente, et un individu sur 5 en sera opéré au cours de sa vie. La prescription d’antibiotiques (AB) est logique dans les AA perforées pour réduire le risque de sepsis postopératoire ; en revanche, leur urtilisation dans les AA non perforées (AANP) est sujet à débat, sauf en flash préopératoire (céphalosporine et métronidazole.) Les auteurs ont donc comparé les suites de sujets opérés d’AANP selon qu’ils n’ont eu que l’antibioprophylaxie flash ou qu’ils ont reçu des AB après l’intervention.

Toutes les AANP opérées entre 2005 et 2010 ont été retenues, même en cas d’appendices sains. L’étude a porté sur 728 dossiers exploitables et complets. Tous les opérés avaient bénéficié d’un flash préopératoire, 334 ont reçu des AB postopératoires (Groupe ABO) et 394 y ont échappé (groupe 0).

Les 2 groupes étaient tout à fait comparables en termes d’âge, sexe, pathologies associées (diabète, insuffisance rénale, cardiopathies), classe ASA (American Society of Anaesthesiology), fièvre, voie d’abord ouverte ou cœlioscopique, etc. à l’exception d’un plus grand nombre d’hypertendus dans le groupe ABO. La prescription d’AB postopératoire a été plus fréquentechez les en cas d’hyperleucocytose (>13 000/ mm3), avec polynucléose neutrophile (> 75 %), ainsi que lorsque le flash préopératoire avait été constitué de β lactamines ou d’aminosides. Lorsque le site opératoire était drainé (16 cas), du fait d’un liquide louche dans la gouttière pariétocolique, le chirurgien a constamment prescrit des AB postopératoires. Enfin, l’aspect macroscopique de l’appendice, estimé par le chirurgien, et le plus souvent corroboré par l’anatomopathologiste, influait beaucoup sur la décision d’AB postopératoires (par exemple sur 77 appendices estimés gangréneux par le chirurgien- 79 pour l’anapath-52 sont dans le groupe ABO).

Le traitement antibiotique n’a réduit ni le taux d’abcès de paroi, ni celui des suppurations profondes, ni même celui des infections urinaires (5 fois plus fréquentes chez les ABO). Dans ce groupe, on observe plus de diarrhées, et plus d’infections à Clostridium Difficile (5 vs 0). Les facteurs de risque de sepsis postopératoire, en analyse multivariée, ont été l’aspect gangréneux de l’appendice et l’abord par voie ouverte. Les opérés ABO ont eu une durée de séjour moyenne double de celle du groupe 0.

Il n’y a pas lieu de prescrire des antibiotiques postopératoires dans les appendicites non perforées.



Dr Jean-Fred Warlin


Coakley BA et coll. : Postoperative antibiotics correlate with worse outcomes after appendectomy for nonperforated appendicitis. J Am Coll Surg., 2011; 213: 778-783.