dimanche 4 mars 2012

Alzheimer : un vaccin pour ne pas oublier


Deux études napolitaines du Conseil national des recherches, à savoir l'Institut de génétique et biophysique (Igb-Cnr) et l'Institut de biochimie des protéines (Ibp-Cnr), ont mis au point un vaccin de nouvelle génération dénommé (1-11)E2. Ce dernier est capable d'enclencher une réponse immunitaire contre la beta-amyloïde, un peptide qui s'accumule dans le cerveau des personnes atteintes d'Alzheimer, et qui agit négativement sur la mémoire et les capacités cognitives. Cette étude a été publiée dans la revue Immunology and Cell Biology.

La molécule, qui vient d'être brevetée en Italie, est en attente d'un brevet international. Il s'agit d'une protéine chimérique obtenue par la fusion de deux protéines différentes : un petit fragment de peptide bêta-amyloïde, impliqué dans la maladie d'Alzheimer, et une protéine chaperon. La substance est capable, en éprouvette, de s'auto-assembler en une structure semblable à un virus de part ses formes et dimensions. "Cela fait maintenant 10 ans que les chercheurs du monde entier explorent la possibilité de prévenir l'Alzheimer grâce à un vaccin : les premières expérimentations sur l'homme sont très prometteuses, mais pourraient induire des effets collatéraux graves, qui en empêcheraient l'utilisation", explique Antonella Prisco, de l'Igb-Cnr, coordinatrice de l'étude. "Grâce à nos expériences, nous avons mis au point la molécule (1-11)E2, en cherchant à minimiser les risques pour l'organisme et à optimiser l'efficacité thérapeutique".

L'expérimentation est actuellement dans sa phase préclinique, à savoir l'administration du vaccin à des souris normales. La prochaine étape consiste à tester l'efficacité thérapeutique et les possibles effets collatéraux chez des souris transgéniques souffrant d'une pathologie similaire à l'Alzheimer. "Le vaccin que nous avons mis au point entraine rapidement une forte réponse anticorpale contre le peptide beta-amyloïde et polarise la réponse immunitaire vers la production d'une cytokine anti-inflammatoire, l'interleukine-4, assurant les propriétés immunologiques souhaitées", précise la chercheuse de l'Igb-Cnr. "Actuellement nous n'utilisons facilement les vaccins que pour prévenir les maladies infectieuses, mais les pathologies comme l'Alzheimer pourraient aussi être prévenues ou soignées en mettant en place un procédé similaire", conclut Piergiuseppe de Berardinis de l'Ibp-Cnr . "Le vaccin induit la production d'anticorps, lesquels se lient au peptide qui cause la maladie, et favorise son élimination. Aujourd'hui nous travaillons sur les protéines de transport, des molécules ou micro-organismes capables d'articuler la réponse immunitaire sur des cibles spécifiques".


Source: Bulletins-electroniques