Les publications scientifiques concernant la relation entre les apports en calcium et le statut en vitamine D d'une part et le poids ou la composition corporelle d'autre part se sont multipliées au cours des dernières années. Les travaux épidémiologiques suggèrent l'intérêt de la supplémentation vitaminocalcique pour le contrôle du poids mais cela n'est pas complètement confirmé par les essais randomisés.
Dans une nouvelle étude, des patientes en surpoids ou obèses (n=171) ont été conseillées par une diététicienne pour réduire modérément leurs apports caloriques et pratiquer 10 000 pas/jour. Elles ont été réparties dans deux essais randomisés pour analyser l'effet sur le poids et sur la masse grasse mesurée au scanner, d'un jus d'orange enrichi en calcium (350 mg/verre) et en vitamine D (100 UI de vitamine D3 par verre) soit, normalement sucré (étude n° 1 ; 27 g de sucre /verre), soit allégé en sucre (étude n°2 : 2, 13 de sucre par verre). Les volontaires devaient en consommer trois verres par jour pendant seize semaines. Les critères d'inclusion des sujets (femmes uniquement, âge : 18 à 65 ans, IMC : 25 à 35 kg/m²) étaient identiques dans les deux essais cliniques. On notera que de nombreux sujets ont interrompu le suivi proposé (26 % dans l'étude n° 1 ; 20 % dans l'étude n°2).
La perte de poids, de l'ordre de l'ordre de 3 kg, était attribuable à la prise en charge diététique. Dans aucune des deux études elle n'était majorée par la supplémentation vitaminocalcique. En revanche, par rapport aux témoins, la réduction de graisse viscérale était plus importante chez les sujets supplémentés, que ce soit avec le jus d'orange normalement sucré ou son équivalent allégé en glucides. Cette réduction de la graisse abdominale liée à la supplémentation était spécifique de la composante viscérale puisqu'elle n'était pas retrouvée pour la graisse sous-cutanée quantifiée au même niveau lombaire. Enfin, le jus d'orange enrichi en calcium/vtamine D n'a pas eu d'impact significatif, ni bénéfique ni délétère, sur les paramètres glucidiques (insulinémie, glycémie) ou les lipides plasmatiques.
L'analyse combinée des deux essais montre une réduction trois fois plus importante de la graisse viscérale attribuable à la consommation du jus d'orange enrichi en calcium et en vitamine D.
Ces résultats sont en faveur d'une action possiblement bénéfique du calcium et de la vitamine D sur le métabolisme lipidique et/ou la répartition de la graisse corporelle. Néanmoins, les effets métaboliques à long terme restent inconnus : s'atténuent-ils ou au contraire s'amplifient-t-ils ? En outre, bien qu'au cours du suivi diététique rigoureux, la consommation quotidienne de jus d'orange n'ait pas entravé la perte de poids, qu'en est-il en l'absence d'un tel suivi ? Enfin, on rappellera les données récentes qui suggèrent qu'une supplémentation calcique (en complément alimentaire) est associée à une augmentation du risque de coronaropathie.
En clair, le jus d'orange qui fait perdre du ventre, ce n'est pas pour toute suite !