Une greffe de moelle osseuse préalable à la transplantation de reins a permis à plusieurs patients de s'affranchir du traitement immunosuppresseur à vie.
Cela fait maintenant sept mois que Lindsay Porter vit avec un rein qui ne lui appartient pas sans avoir pris le moindre traitement anti-rejet. Cette Américaine de 47 ans a encore du mal à se percevoir comme le résultat d'une prouesse médicale. «Cela me semble tellement naturel», explique-t-elle au site du journal Nature . Avec sept autres patients, elle vient d'expérimenter une technique qui pourrait révolutionner les transplantations d'organes: son système immunitaire a été préparé pour accepter le rein étranger par une greffe de la moelle osseuse du donneur.
«Cela fait 60 ans que l'idée de la double greffe est dans l'esprit de tous», souligne Edgardo Carossella, chef du service de recherche en hémato-immunologie à l'hôpital Saint-Louis. En 1953, le prix Nobel de médecine Rupert E. Bullingham montre que la greffe de moelle osseuse d'une souris A chez une souris B à la naissance permet à ces dernières d'accepter à vie les organes de A sans qu'ils se fassent attaquer comme des intrus indésirables par les cellules de B. Tout se passe comme si la greffe de cette substance, qui contient les lymphocytes T régulateurs, les cellules «gardiennes» du corps, permettait de faire cohabiter en parallèle deux systèmes de reconnaissance du soi.
Cela fait maintenant sept mois que Lindsay Porter vit avec un rein qui ne lui appartient pas sans avoir pris le moindre traitement anti-rejet. Cette Américaine de 47 ans a encore du mal à se percevoir comme le résultat d'une prouesse médicale. «Cela me semble tellement naturel», explique-t-elle au site du journal Nature . Avec sept autres patients, elle vient d'expérimenter une technique qui pourrait révolutionner les transplantations d'organes: son système immunitaire a été préparé pour accepter le rein étranger par une greffe de la moelle osseuse du donneur.
«Cela fait 60 ans que l'idée de la double greffe est dans l'esprit de tous», souligne Edgardo Carossella, chef du service de recherche en hémato-immunologie à l'hôpital Saint-Louis. En 1953, le prix Nobel de médecine Rupert E. Bullingham montre que la greffe de moelle osseuse d'une souris A chez une souris B à la naissance permet à ces dernières d'accepter à vie les organes de A sans qu'ils se fassent attaquer comme des intrus indésirables par les cellules de B. Tout se passe comme si la greffe de cette substance, qui contient les lymphocytes T régulateurs, les cellules «gardiennes» du corps, permettait de faire cohabiter en parallèle deux systèmes de reconnaissance du soi.
Encore quelques années à attendre «avant de crier victoire»
Le chemin pour étendre ces premières expériences à des cobayes adultes, puis à l'être humain, va toutefois se révéler semé d'embuches. «Il y a un phénomène de rejet inversé très violent qui se produit», explique Olivier Thaunat, expert en immunologie clinique et transplanattion rénale à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon. «Ce sont les cellules de la moelle du donneur qui vont attaquer le système du receveur.» Ce mécanisme, dit GVHD, a longtemps semblé insurmontable, notamment pour des personnes qui ne sont pas de la même famille. Il faut attendre 2008 et les travaux de chirurgiens du Massachusetts General Hospital de Boston pour lever cet obstacle. Mais leur technique, complexe, ne permet de retenir les cellules «gardiennes» du donneur que pendant quelques semaines: on parle de «chimérisme transitoire».
Les résultats de la nouvelle étude clinique, publiés dans Science Translational Medicine la semaine dernière, sont bien plus impressionnants. Non seulement aucun cas de GHVD n'a été relevé chez les huit patients de l'essai - qui n'avaient, la plupart du temps, aucun lien de parenté avec les donneurs - mais les receveurs présentent tous les signes d'un «chimérisme stable». Parmi eux, cinq ont ainsi toléré le rein qu'on leur a transplanté en stoppant leur traitement immunosuppresseur sur des durées allant de 4 à 18 mois. «Il faut attendre encore quelques années sans GHVD avant de crier victoire», prévient toutefois Edgardo Carossella. «La durée de vie moyenne d'un rein greffé est de 10 à 12 ans avec immunosuppresseurs. Tant qu'on ne pourra pas faire mieux sans, on ne changera pas de technique en routine», appuie Olivier Thaunat.
Difficile d'étendre ces travaux aux autres organes
Les résultats obtenus n'en sont pas moins très encourageants, soulignent les deux chercheurs. Les équipes de l'Institut de thérapie cellulaire du Kentucky ont mis au point «un cocktail» administré avant et après la transplantation du rein incluant une chimiothérapie, une radiothérapie ainsi que l'injection de cellules souches du sang du donneur et de cellules thérapeutiques d'un nouveau genre dites «facilitantes». Il est difficile de savoir exactement la part jouée par chacun de ces traitements de choc dans la réussite du programme. Les chercheurs qui ont mené l'étude pensent que les cellules facilitantes mises au point en sont la clé. Ils ont toutefois refusé de donner des détails à leur sujet puisqu'ils cherchent à en breveter le principe et la méthode de fabrication. L'auteure principale est elle-même en train de monter une entreprise, Regenerex, qui cherche un moyen de commercialiser cette nouvelle approche thérapeutique.
En revanche, passer du rein aux autres organes vitaux ne sera pas simple. Il faudra adapter les procédures à des donneurs morts et à la grande vulnérabilité des receveurs avant et après l'opération. L'administration des traitements lourds prévus par les médecins américains pourraient vite se révéler fatales pour les personnes atteintes de pathologies qui nécessitent ces greffes, qu'elles soient de foie, de poumon ou de coeur.
Source : Le Figaro