Pour mener à bien cette recherche, ses auteurs ont élaboré différentes activités mnésiques dans lesquelles les participants doivent étudier un matériel déterminé, puis récupérer partiellement l'information étudiée. Cette tâche a été dessinée à différents niveaux de difficulté et avec différents types de matériels, et appliquée aussi bien à des jeunes (étudiants universitaires) qu'à des personnes âgées (une moyenne de 65 ans).
En premier lieu, les participants apprennent une série de mots organisée, par exemple,
par catégories sémantiques. Lors d'une seconde phase, on présente aux participants une
série de pistes afin qu'ils se souviennent de la moitié des exemplaires de la moitié des
catégories touchées. Après cela, on leur pose des questions sur tous les éléments étudiés
lors de la première phase. On observe là que les éléments qui n'ont pas été rappelés
pendant la seconde phase mais faisant partie des catégories pratiquées, se rappellent
encore moins que les éléments non récupérés lors de la seconde phase et qui font
également partie de catégories non récupérées par la mémoire.
Deux questions non résolues
L'objectif de ce travail a été d'approfondir dans la caractérisation du mécanisme de
contrôle cognitif impliqué dans l'Oubli Induit par la Récupération (OIR). Bien que
certaines propriétés de ce phénomène soient déjà connus, deux questions importantes
n'ont pas encore été résolues : le caractère contrôlé vs automatique du mécanisme
responsable de réduire l'accessibilité des traits de mémoire, et les paramètres temporels
de cette faible accessibilité.
Les scientifiques de l'UGR ont résolu ces deux questions et ont corroboré le caractère adaptatif de l'Oubli Induit par la Récupération. Il s'agit d'un effet qui se produit comme conséquence de l'action d'un mécanisme de contrôle cognitif qui s'avère efficace même chez des personnes présentant un certain déficit dans le contrôle exécutif. Ce mécanisme permet de réduire l'accessibilité de traits qui, autrement, pourraient affecter la récupération d'information objective, mais qui, cependant, montre ses effets de façon plus ou moins persistante, en fonction du type d'information qui se voit affectée par lui. Loin de produire des effets permanents de perte d'accessibilité, l'information oubliée peut se récupérer avec normalité en peu de temps si elle occupe un espace central dans la structure cognitive de l'individu.
L'auteure principale de ce travail est Almudena Ortega, du Département de Psychologie Expérimentale de l'Université de Grenade, avec les professeurs Teresa Bajo Molina (Université de Grenade) et Carlos J. Gómez Ariza (Université de Jaén). Une partie des résultats de cette recherche a été publiée dans la revue Journal of Experimental Psychology: Learning, memory and Cognition.