Atlanta, le vendredi 9 mars 2012 – On le sait, vendre des boissons à bulles
nécessite autant de savoir faire industriel que de marketing. Ainsi, le succès
mondial de Coca-Cola doit autant à la forme de sa bouteille, à sa couleur
légendaire qu’à son goût. Or, la firme multinationale doit aujourd’hui faire
face à un défi de taille : conserver la teinte si célèbre de sa boisson, tout en
renonçant au moins partiellement à l’utilisation de deux caramels de synthèse
utilisés comme colorants, E150C (également appelé caramel ammoniacal) et E150D
(caramel au sulfite d’ammonium). En effet, au début 201, la présence d’une
substance suspectée d’être cancérigène, le 4-méthylimidazole (4MEI), liée à la
réaction de Maillard (réaction chimique produite par la cuisson des aliments), a
été mise en évidence dans ces deux caramels de synthèse par des chercheurs de
l’Université de Davis (Californie).
La dangerosité du 4-méthylimidazole, qui intervient notamment dans la fabrication notamment de produits pharmaceutiques, de nettoyants agricoles ou encore de pneu est aujourd’hui loin de faire consensus. Jusqu’alors une seule étude menée chez des souris a conduit à suspecter un risque cancérigène associé au 4-méthylimidazole. Publiée en janvier 2007 dans le cadre du National Toxicology Program aux Etats-Unis, cette étude présentait des « preuves évidentes d’une activité cancérigène » du 4MEI chez des souris mâles et femelles. Cependant, ce risque n’était pas retrouvé chez des rats mâles et les résultats se révélaient « équivoques » pour les rates. En tout état de cause, ces résultats semblaient indiquer que seules de très fortes doses pouvaient présenter un risque réel pour la santé. Concernant le Coca, il faudrait avaler 1 000 cannettes par jour pour s’exposer à un risque, selon les analyses des autorités sanitaires américaines, évoquées aujourd’hui par Le Monde. Ces conclusions ont conduit à des appréciations variées de la part des autorités sanitaires du monde entier. L’International Agency for Resarch on Cancer (IARC) a ainsi décidé de classer le 4-MEI parmi les produits pouvant être cancérigènes pour l’homme (groupe 2B). Néanmoins, cette qualification ne concerne pas en priorité la présence de cette substance dans l’alimentation. Par ailleurs, au printemps dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) après avoir réalisé une réévaluation des colorants à base de caramel de synthèse a considéré que si leur teneur maximum devait être diminuée, il fallait incriminer la présence de 2-acetyl-4-tetrahydroxibutylimidazole (THI) et non de 4MEI.
La Californie a cependant choisi une voie bien plus sévère. Alertée par le Centre pour la science dans l’intérêt du public (CSPI), une association de défense des consommateurs, l’Etat américain a en effet accepté l’année dernière de placer le 4MEI dans la liste des produits cancérigènes devant faire l’objet d’une réglementation spécifique. Ainsi, depuis le 7 janvier, tous les produits susceptibles d’exposer un consommateur à une dose de 4MEI supérieure à 29 microgrammes doit être assorti d’un avertissement spécifique. Or, la CSPI vient de révéler que le géant de la boisson, Coca-Cola, enfreignait aujourd’hui cette réglementation. Cette organisation qui mène un combat acharné pour obtenir l’interdiction des colorants E150C et E150D vient en effet de révéler qu’une canette de Coca-Cola classique (35 cl) contient entre 142 et 146 microgrammes de 4-MEI. Cette teneur s’élève à 103 à 113 microgrammes pour le Coca-Cola Light et à 145 à 153 microgrammes pour le Pepsi-Cola.
Ces doses très supérieures à celles prévues par l’état de Californie ne sont aujourd’hui pas démenties par Coca-Cola qui vient d’annoncer que la recette de son célèbre breuvage allait être modifié, comme l’a révélé hier le site Discoverynews (l’information ayant été relayée en France par le quotidien Le Monde). « La compagnie a demandé à ses fournisseurs de caramel de faire le nécessaire afin de satisfaire les exigences de l’Etat de Californie » a indiqué Diana Garza Ciarlante. la multinationale se montre cependant assez discrète sur les mesures qui seront mises en œuvre : interdiction totale des deux colorants ou simple diminution afin d’atteindre les seuils permettant d’éviter l'étiquetage ? Le groupe se contente d’affirmer qu’il n’y aura aucune différence pour le goût et que la couleur ne devrait être que très légèrement modifiée. Par ailleurs, s’il accepte de se conformer aux nouvelles réglementations californiennes, il refuse d’admettre la dangerosité du 4-MEI.
Ce changement de recette concerne pour l’heure les Etats-Unis, mais l’ensemble du monde pourrait bientôt être concerné : déjà en France, l’association UFC que Choisir a annoncé son intention de saisir les autorités sanitaires sur ce sujet. Pour le groupe Coca-Cola et sa fameuse boisson mise au point en 1885 afin de lutter contre les problèmes gastriques par un pharmacien d’Atlanta, John Pemberton, cette attaque est une nouvelle manifestation des suspicions dont le groupe a été l’objet ces dernières décennies.
Cependant, parfaitement rodée face à ce type d’épreuve, la firme ce matin ne connaissait pas de baisse notable du cours de son action en bourse.
Aurélie Haroche
Des souris et des hommes
La dangerosité du 4-méthylimidazole, qui intervient notamment dans la fabrication notamment de produits pharmaceutiques, de nettoyants agricoles ou encore de pneu est aujourd’hui loin de faire consensus. Jusqu’alors une seule étude menée chez des souris a conduit à suspecter un risque cancérigène associé au 4-méthylimidazole. Publiée en janvier 2007 dans le cadre du National Toxicology Program aux Etats-Unis, cette étude présentait des « preuves évidentes d’une activité cancérigène » du 4MEI chez des souris mâles et femelles. Cependant, ce risque n’était pas retrouvé chez des rats mâles et les résultats se révélaient « équivoques » pour les rates. En tout état de cause, ces résultats semblaient indiquer que seules de très fortes doses pouvaient présenter un risque réel pour la santé. Concernant le Coca, il faudrait avaler 1 000 cannettes par jour pour s’exposer à un risque, selon les analyses des autorités sanitaires américaines, évoquées aujourd’hui par Le Monde. Ces conclusions ont conduit à des appréciations variées de la part des autorités sanitaires du monde entier. L’International Agency for Resarch on Cancer (IARC) a ainsi décidé de classer le 4-MEI parmi les produits pouvant être cancérigènes pour l’homme (groupe 2B). Néanmoins, cette qualification ne concerne pas en priorité la présence de cette substance dans l’alimentation. Par ailleurs, au printemps dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) après avoir réalisé une réévaluation des colorants à base de caramel de synthèse a considéré que si leur teneur maximum devait être diminuée, il fallait incriminer la présence de 2-acetyl-4-tetrahydroxibutylimidazole (THI) et non de 4MEI.
Teneurs explosives
La Californie a cependant choisi une voie bien plus sévère. Alertée par le Centre pour la science dans l’intérêt du public (CSPI), une association de défense des consommateurs, l’Etat américain a en effet accepté l’année dernière de placer le 4MEI dans la liste des produits cancérigènes devant faire l’objet d’une réglementation spécifique. Ainsi, depuis le 7 janvier, tous les produits susceptibles d’exposer un consommateur à une dose de 4MEI supérieure à 29 microgrammes doit être assorti d’un avertissement spécifique. Or, la CSPI vient de révéler que le géant de la boisson, Coca-Cola, enfreignait aujourd’hui cette réglementation. Cette organisation qui mène un combat acharné pour obtenir l’interdiction des colorants E150C et E150D vient en effet de révéler qu’une canette de Coca-Cola classique (35 cl) contient entre 142 et 146 microgrammes de 4-MEI. Cette teneur s’élève à 103 à 113 microgrammes pour le Coca-Cola Light et à 145 à 153 microgrammes pour le Pepsi-Cola.
Le goût du scandale
Ces doses très supérieures à celles prévues par l’état de Californie ne sont aujourd’hui pas démenties par Coca-Cola qui vient d’annoncer que la recette de son célèbre breuvage allait être modifié, comme l’a révélé hier le site Discoverynews (l’information ayant été relayée en France par le quotidien Le Monde). « La compagnie a demandé à ses fournisseurs de caramel de faire le nécessaire afin de satisfaire les exigences de l’Etat de Californie » a indiqué Diana Garza Ciarlante. la multinationale se montre cependant assez discrète sur les mesures qui seront mises en œuvre : interdiction totale des deux colorants ou simple diminution afin d’atteindre les seuils permettant d’éviter l'étiquetage ? Le groupe se contente d’affirmer qu’il n’y aura aucune différence pour le goût et que la couleur ne devrait être que très légèrement modifiée. Par ailleurs, s’il accepte de se conformer aux nouvelles réglementations californiennes, il refuse d’admettre la dangerosité du 4-MEI.
L'UFC emboite le pas
Ce changement de recette concerne pour l’heure les Etats-Unis, mais l’ensemble du monde pourrait bientôt être concerné : déjà en France, l’association UFC que Choisir a annoncé son intention de saisir les autorités sanitaires sur ce sujet. Pour le groupe Coca-Cola et sa fameuse boisson mise au point en 1885 afin de lutter contre les problèmes gastriques par un pharmacien d’Atlanta, John Pemberton, cette attaque est une nouvelle manifestation des suspicions dont le groupe a été l’objet ces dernières décennies.
Cependant, parfaitement rodée face à ce type d’épreuve, la firme ce matin ne connaissait pas de baisse notable du cours de son action en bourse.
Aurélie Haroche