Dans un article publié récemment dans la revue Science, une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Alexandre Prat et le stagiaire postdoctoral Jorge Alvarez du Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CRCHUM) fait la lumière sur le fonctionnement de la barrière hémo-encéphalique et sur un mécanisme par lequel elle empêche l'incursion du système immunitaire dans le cerveau. " Les résultats de cette recherche nous permettent de mieux comprendre les mécanismes utilisés par le cerveau pour se défendre de façon naturelle des agressions du système immunitaire, comme pour la sclérose en plaques " explique le Dr Prat.
Il n'existe pas de cure contre cette maladie auto-immune chronique du système nerveux central. Une des caractéristiques de cette pathologie est l'incapacité de la barrière sang-cerveau (dite hémo-encéphalique) de contrôler l'entrée des cellules immunitaires dans le cerveau. Cette intrusion du système immunitaire dans le cerveau perturbe la communication efficace entre les neurones du cerveau et de la moelle épinière, ce qui engendre des dommages importants et récurrent au système nerveux central. La sclérose en plaques (SEP) se manifeste donc par des paralysies, des engourdissements, des pertes de visons et des déficits d'équilibre et de la marche répétés menant à un handicap chronique.
La barrière sang-cerveau est une barrière physique et métabolique qui empêche des cellules indésirables d'envahir le système nerveux central. Elle est constituée entres autres des cellules endothéliales (des cellules qui tapissent la paroi intérieure des vaisseaux sanguins) et des astrocytes périvasculaires (cellules en forme d'étoile qui régulent la transmissions des signaux électriques dans le cerveau) qui maintiennent l'équilibre dans le système nerveux central. Les Drs Prat et Alvarez démontrent d'une part que ces astrocytes jouent un rôle clé dans la fonction de la barrière hémo-encéphalique en sécrétant la protéine Sonic hedgehog, une protéine impliquée dans l'organisation du cerveau. Ils démontrent aussi que les cellules endothéliales expriment des récepteurs Hedgehog et qu'ensemble, les astrocytes et les cellules endothéliales contribuent à la formation et l'intégrité de la barrière sang-cerveau.
Les chercheurs du CRCHUM démontrent de plus dans des travaux de laboratoire avec des cellules humaines et animales, que la voie Hedgehog joue un rôle important en limitant l'adhésion et la migration des cellules immunitaires dans le cerveau. Ainsi, le système Hedgehog contribue au maintien d'un équilibre anti-inflammatoire au sein du système nerveux central et le dérèglement de ce système est un des éléments distinctifs de la SEP.
" Cette étude ouvrent la voie à la conception d'approches thérapeutiques pour contrôler la migration des cellules immunitaires dans le cerveau et ainsi améliorer leur capacité de cibler des zones atteintes " note le Dr Prat.
Source: Université de Montréal - Lucie Dufresne