jeudi 22 décembre 2011

PKR, l'enzyme clé d'une mémoire sans limite ?

Un groupe de chercheurs a découvert que l’inhibition de l’activité d’une enzyme dans le cerveau de souris augmentait considérablement leur capacité de mémorisation. Voilà une piste de plus pour mettre au point des médicaments contre la maladie d’Alzheimer ou un mythique nootropique augmentant la mémoire sans effets secondaires.

L'Année internationale de la chimie (AIC) va bientôt prendre fin. Un groupe de chercheurs du Baylor College of Medicine (BCM) vient de publier dans le journal Cell un article faisant état d’une découverte qui illustre bien l’impact potentiel des recherches sur des molécules chimiques, en particulier dans les domaines de la biologie et de la médecine.

Lorsque certains organismes sont victimes d’une attaque virale, une protéine kinase (appelée PKR) est particulièrement présente avec un taux élevé. L'activité de cette même protéine est également altérée lors de désordres cognitifs. Les chercheurs ont donc décidé d’étudier plus en détail son action, produisant des souris génétiquement modifiées, avec un faible taux de PKR dans leur cerveau. L’effet obtenu a été surprenant. Les souris ont montré des aptitudes de mémorisation spatiale fortement augmentées.

En cherchant à comprendre ce phénomène, les biologistes ont découvert que l’excitabilité des neurones était augmentée grâce à l’interféron gamma. Cette molécule, que l’on trouve aussi associée à une réponse immunitaire de l’organisme, augmentait l’activité synaptique chez les souris manquant de PKR.

Un futur nootropique problématique

Bien évidement, il vient tout de suite à l’esprit que l’on pourrait être en présence d’une clé pour réaliser un nootropique (de noos esprit et tropos courber), c'est-à-dire une drogue ou un médicament capable de changer les capacités du cerveau. En l’occurrence, cette découverte pourrait aider à lutter contre la maladie d’Alzheimer ou servir à amplifier les capacités cognitives de tout un chacun.

Toutefois, comme toujours avec ce type de substance, les avantages ne sont peut-être qu’à courts termes. Réduire la PKR chez un individu normal pourrait peut-être se traduire par les mêmes bénéfices que chez les souris. Mais comme la PKR joue un rôle dans la lutte contre les processus inflammatoires, une mémoire augmentée pourrait se traduire par une moins grande résistance aux maladies. De plus, diminuer la PKR dans le cerveau fait baiser le GABA, un neurotransmetteur qui a un effet positif pour lutter contre l’anxiété.

À quoi servirait une mémoire sans limite si c’est pour être paralysé par l’angoisse et souffrir de douleurs inflammatoires ?